Lisons, regardons, jouons !

Bien-sûr que les cinés aux arrêts nous privent et préparent des lendemains où une génération entière regardera (et regarde déjà) ses blockbusters sur des smartphones entre deux stations !
Bien-sûr que les cliques de collecte nous habituent au pire et laissent des pans entiers de l’humaine humanité aux scooters Deliveroo, aux coursiers Amazone et autres urbaines facilités.

Je clic et ça me connecte direct l’œsophage à l’hamburger sans viande ni OGM mais ketchup.

Bien-sûr que les poètes ne peuvent plus déclamer leurs alexandrins ailleurs que sur les ondes, sauf Morel François à 9h le vendredi sur Inter.

Bien-sûr que ce pire des mondes est celui qui nous prive de serrages de pognes, d’embrassages magnifiques et de frottages de torses ! Bien-sûr que l’humain est livide après ce coup du covid dont il faut juste remarquer que des lèpres, il y en a eu, des Pestes et pas que chez Albert Camus, du choléra en veux-tu en voilà. Il fallait ça pour que le demi-tour libéralo-individualiste s’entame.

Non sans nous éprouver.

Non sans perdre beaucoup des nôtres. En chemin, sur la berme, sur le bas-côté des routes de la soie ou dans les abysses de la Méditerranée.

Car.

Il y aura des après.

N’en déplaise à Yves Cochet alias Fouette-Cocher ! Nous retrouvons le goût de la marche et des coins de cheminée. Des squares ou des clairières avec Sound-system à bloc. Les libertés intérieures sont d’autant vives que mises à mal par la sécurité sanitaire. La prophylaxie n’est et ne sera jamais un projet de vie.

Les écrivains écrivent. Les éditeurs éditent.

Les musiciens inventent. Les danseurs dansent et les bals intérieurs font tourner les robes et balancent aux quatre coins du bal tout un manège d’étoiles filantes.

La police des mœurs veille au bas des quartiers, le voisin a l’œil au pied des tours ou dans les jardins avec pelouse, trempoline et, pour l’été, spa et piscine ! Non, non et non, nous ne nous soumettrons pas aux injonctions individualistes.

Non, nous ne rentrerons pas chez nous.

Oui, nous n’en ferons qu’à notre tête.

Règlerons notre pas sur celui de nos proches en ehpad (avec déambulateurs !) mieux que sur le gouvernement mondial des peurs.

Oui de oui, nous n’en pensons pas moins ! Nous rusons, nous clandestinons, nous découvrefeu ! Et pas seulement dans les horaires ni les jauges précises des eucharisties avec cantique and collect. La colère inspire ! Le souffle du moment insuffle du mort mais aussi du vivant.

La liberté de penser est intacte. L’attestation n’atteste que d’une partie de ce que je suis. Le reste est libre.
La culture est libre. Les artistes ne sont pas sans emploi ni projet d’autant que ce qui est essentiel est ce qui n’a plus lieu ! Comme toujours notez-le : l’essentiel n’est pas dicté, jamais. L’essentiel est d’essence personnelle ! Donc politique au sens de tous et non du chacun pour soi. On peut remercier toute l’Europe qui nous a fait comprendre, à tous, que l’essentiel est l’essence de soi, donc ce qui manque, donc le culturel. Autrement dit, la vie libre des paroles intérieures, la libre vie des brouillons d’artistes, des ateliers qui bruissent, des Compagnies théâtrales ou circassiennes que rien n’arrête.

Exemple : une Compagnie bretonne vient de coller partout dans les bleds de son ressort subventionnel des jolis slogans d’espoir et de vie ! Collés entre chien et loup, sur les murs ou les bancs publics, belle surprise poétique pour les habitants !

C’est l’époque des nèfles ! Mangeons-en tous, elles se révèlent, à moitié blettes ou carrément pourries, un régal ! Les créateurs n’arrêteront pas de sitôt de bouffer des nèfles et en même temps de créer, d’innover, de penser, d’inventer et provoquer ! Aucune police ni aucun pouvoir en occident n’empêcheront les samizdats de sortir par-dessous les barbelés du Covid.

Vite, au ciné ! Vite, au théâtre ! Vite, au vivant !

Vite à l’éternel recommencement des temps !

Gilles CERVERA

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Édito