Imaginons un cauchemar avec les yeux d’un Breton observant la France, pays où l’économie s’effondrerait de toutes parts, quel qu’en soit le secteur. Commençons par l’habillement : le chausseur André et ses six magasins bretons, Camaïeu désormais fermé, Celio qui à lui seul représente une vingtaine de points de vente dans la péninsule, Les Galeries Lafayette de Rennes, Go sport et sa dizaine d’adresses, Kookaï, Pimkie, San-Marina… Parlons maintenant Culture avec France-loisir ayant déjà fermé la moitié de ses magasins entre Nantes et Brest… L’univers du Jouet n’est pas en reste : La Grande Récré et l’entreprise Meccano crée en 1901… Le secteur de l’alimentation souffre : Tourpagel, Place du marché, William-Saurin… Toutes ces entreprises françaises à fortes implications bretonnes sont désormais fermées, en passe de l’être ou en redressement judiciaire relatif à de sérieuses difficultés financières. N’oublions pas le fleuron de l’image bretonne dans le monde : la multinationale Yves Rocher, qui annonce vouloir supprimer trois cents emplois, du jamais vu depuis sa création en 1959. Ajoutons les nombreux artisans bouchers, boulangers, cafetiers, restaurateurs, teinturiers qui « déposent leur bilan » les uns après les autres, constituant par là-même un désastre économique inouï, assorti d’une incontournable catastrophe sociale à venir.

Une classe moyenne à l’agonie

Ces marques sont celles de la « France moyenne », celle qui n’est pas assez riche pour monter en gamme et bientôt suffisamment pauvre pour devoir se contenter des enseignes discount, une France qui disparait au bénéfice des plus aisés et des plus miséreux. Pendant ce temps, Paris dissimule tant bien que mal ce fiasco derrière des chiffres tronqués ; les petits hommes gris ne comptabilisent que les chômeurs de catégorie A, là où certains analystes (plus sérieux que les sondages gouvernementaux) évoquent un chômage et une paupérisation exponentielles. Le palais de l’Élysée préfère s’occuper de l’Ukraine, soucieux de mutualiser la défense européenne afin de parvenir au rêve progressiste d’une grande Europe militairement solidaire. En vain ! Allemands et Polonais préfèrent le parapluie nucléaire de l’oncle Sam. Quant au Président de la République, il s’obstine à ne pas remettre en cause le principe du tarif réglementé de l’énergie électrique, comme l’ont pourtant fait le Portugal et l’Espagne afin de se libérer du système européen qui menace leur indépendance en tuant les petites entreprises ibériques ; mais monsieur Macron ne « sent » pas le peuple, il n’entend pas les cris de la rue, ni les voix de certains pays de la CEE : Hongrie, Pologne, …  qui demandent à ce que cela cesse.

Un conseil régional pessimiste

Les Bretons font face du mieux possible aux inepties jacobines imposées par la capitale, d’autant que s’y ajoute une crise du logement sans précédent : les tensions foncières et immobilières du littoral gagnent l’intérieur des terres, à tel point que se loger est devenu quasi impossible pour la population locale. De son côté, le Conseil régional de Bretagne fait face à la flambée des coûts énergétiques estimés à un surplus minimal de soixante millions d’euros sur l’année en cours, soit environ quinze euros par Breton. La seule raison de se réjouir dans cette débâcle est l’appellation « Produit en Bretagne » qui résiste comme une arme anti-crise. Les ventes des produits affichant le petit logo bleu et jaune ont progressé de 1,1 % en 2022. Alors oui ! Imaginons un cauchemar face auquel une résistance régionale solidaire serait le meilleur dispositif de lutte afin que ce mauvais rêve français ne devienne pas celui de la Bretagne.

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Février 2023 – Bretagne Actuelle & J.E.-V. Publishing

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Édito