Eminent représentant français d’un courant « classic pop » dans la lignée des Beatles, tout en ayant collaboré à diverses reprises avec la scène électro 2.0 (Slove, etc.), le breton Olivier Rocabois s’apprête à enregistrer, après Absolute Poetry avec le groupe ALL IF en 2017, son tout premier album sous son propre nom via la plateforme Ulule. Et assumer son identité musicale hybride ? Explications avec l’intéressé, encapsulé sous la formule choc « La voix de Paul McCartney dans le corps de Philippe Katerine » et ragaillardi par le succès d’estime de son single Ship of Women / Somewhere In A Nightmare, remarqué jusqu’en Grande-Bretagne.

En vrac : d’où venez-vous ? Comment êtes-vous devenu musicien ? Quel est le premier disque dont vous vous souvenez ?
Olivier Rocabois : Je suis né à Vannes, Morbihan, en 1974. Et mon premier souvenir musical marquant, c’est la chanson Woman de John Lennon (single publié en 1981 après sa mort). Le moment décisif pour expliquer mon éveil musical, comme pour beaucoup, c’est l’adolescence, avec la découverte des marges du Top 50. A 13 ans, j’écoute pourtant Michael Jackson, et puis peu à peu, je découvre Prince, Terence Trent d’Arby (Wishing Well), Lloyd Cole avec et sans les Commotions (Forest Fire, Are You Ready To Be Heartbroken ?). Je commence à m’éloigner de la musique grand public, mainstream, avec la découverte de la pop de Manchester, puis de la Brit Pop. J’ai 15 ou 16 ans. Il y a Suede, The Divine Comedy… En 1991, mon père m’achète une gratte. Un de mes potes, Alexis Robiou (aujourd’hui artiste peintre, après être créé plusieurs groupes dont Electrocreme), vannetais comme moi, joue déjà de la guitare. Je m’exerce sur The Ballad of John & Yoko.

Comment est baptisé votre premier groupe ?
O.R.: Les Young Bishop. Tout un programme ! Il est fondé à Rennes en 1996 où je suis parti faire des études en 1993. On forme un power trio, et on enregistre quelques démos. Je me souviens, que via un ami en commun avec The Little Rabbits (groupe pop vendéen marquant des années 90), j’entre en contact avec Philippe Katerine et je lui confie une K7 dont il me fait une critique très élogieuse. On a correspondu un temps tous les deux mais il faut croire que nos planètes n’étaient pas assez alignées pour s’entrechoquer et aller plus loin.

Est-ce que Young Bishop a laissé une trace discographique ?
O.R. : Oui, un 6-titres cultissime baptisé « Chimes Blues » fut gravé à quelques dizaines d’exemplaires ! Ma première vraie opportunité arrive en 2001 avec Record Makers fondé par le groupe Air et leurs associés. Je suis alors devenu Parisien, Alexis aussi, et le label nous propose d’enregistrer un morceau pour une compilation à venir I Hear Voices (sortie en 2002). Le titre s’appelle Easter Monday, un morceau de folk orchestrale, mais pendant qu’on avance, soudain, il ne correspond plus à la direction musicale de la compilation, devenu plus électro. Et il n’est pas retenu. Je vis ça comme un vrai coup d’arrêt. Si près, si loin…

Qu’est-ce qui vous revenir dans la musique ?
O. R. : Je travaille à l’Opéra comme figurant et le groupe William Foster, une super formation, me propose de faire sa tournée en 1èrepartie. J’ai 32 ans, et c’est une super expérience pour un mec comme moi qui a toujours un peu fait son malin. Monter sur scène et jouer ses morceaux tous les soirs devant un public différent et pas acquis, c’est la meilleure des écoles. On forme alors The Bisexual Bikers avec Alexis au chant, et l’on fait un premier concert à La Flèche d’Or à Paris mais je me rends vite compte que je n’aime pas trop être dans le rôle du lieutenant. C’est « Peps », notre batteur, qui lors d’un concert à Copenhague me fait réaliser qu’il faut que je me prenne en main. Il nous engueule un bon coup en nous disant qu’on est bon mais qu’on ne va pas au fond des choses. Electrochoc. Je sais qu’il a raison. Et là, je me suis mis à bosser. Seul d’abord. Depuis 2006, j’ai dû écrire et composer une bonne centaine de titres. A partir de 2008, je monte ALL IF, un trio qui doit son identité au célèbre poème de Rudyard Kipling (« Si… », en français). En fait, au départ c’était juste If mais il y avait déjà un groupe de métal avec ce nom (ainsi qu’un groupe de rock/jazz progressif dans les années 70). ALL IF est alors venu d’un pote anglais assez enthousiaste qui, après avoir écouté nos morceaux à Londres, a lancé « I like all… If » C’est resté. Nous avons enregistré l’album Absolute Poetry en 2017 (disponible sur Deezer, Spotify). J’aurais pu enregistrer à nouveau sous l’identité ALL IF mais j’avais envie, ou plutôt, j’étais prêt à m’assumer après la sortie d’un double single (Ship of Women / Somewhere In A Nightmare). Le prochain album dont trois titres sont déjà prêts sortira donc sous mon prénom et mon nom : Olivier Rocabois.

Et après la pop baroque d’Absolute Poetry, ou l’electrorock avec Slove (Do we need ?), vers quels types de sonorités avez-vous l’intention de vous diriger pour ce nouveau disque ?
O.R. : J’ai beaucoup écrit au piano. On va dire sous influence. Je cite pêle-mêle David Bowie et Paul McCartney, mais aussi The Divine Comedy, Ennio Morricone… Pour résumer ma démarche, j’utilise la formule punk en chambre. « Chamber punk », ça existe ? Non ? Pas grave, on va dire que ça existe. Il y aura des cordes, des cuivres (trompettes), des bois (clarinette), et John Howard (66 ans, 16 albums studio) en guest sur le titre Tonight I Need. On a fait connaissance via Internet, et après quelques échanges, je lui ai demandé s’il accepterait de poser sa voix sur ce morceau. « I’ll be honoured to, Olivier » m’a-t-il répondu. Douze titres sont prévus. Je serai entouré de mes acolytes Jan Stümke (claviers), Laurent Saligault (basse) et Guillaume Glain (batterie). Et pour les arrangements, je compte sur Sébastien Souchois et Raphaël Elig. Olivier Popincourt fera aussi partie de l’aventure.

* Concert d’Olivier Rocabois (avec son groupe) le vendredi 14 février à La Maison de Quartier Barbusse (Ville de Malakoff), de 17 à 19h. 2, Boulevard Henri Barbusse, 92240 Malakoff. En résidence d’artistes. Réservation via @artsolis.fr

Interview : Frédérick RAPILLY (Février 2020)
Photos : Alain Bidal
Campagne Ulule : https://fr.ulule.com/premier-album-solo-olivier-rocabois/
Dernier disque : https://allif.bandcamp.com/ (possibilité de commander le vinyle)

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