Mass Hysteria ? Un groupe de Métal parisien très breton. A commencer par son chanteur Mouss né à Brest. La sortie de leur nouvel album « Tenace Part 2 » était l’occasion de parler de la formation et du pays.

Mass Hysteria fête ses 30 ans. Quelque chose est prévu ?
Mouss : On a envie de marquer le coup. Mais pour l’instant, rien n’est encore définitivement calé. C’est Rapha (Raphaël Mercier, batteur, ndlr) qui gère ce genre de chose. Il a commencé à nous en parler. C’est vrai qu’on a démarré en décembre 1993, mais le line up avec Yann et Rapha, c’était en 1995. A l’époque, il y avait Titou (Stéphan Jaquet à la basse, mort en 2021, ndlr) aussi.

Est-il vrai qu’à sa naissance, Mass Hysteria était le groupe des bretons de Paris ?
Mouss : Ce n’est pas faux. On était trois bretons sur cinq membres. On nous a souvent crus originaires de Bretagne. A la base, on était deux brestois Erwan et moi, montés sur Paname pour faire de la musique. On a rencontré un rennais, Titou. Voilà comment Mass Hysteria a commencé. On se retrouvait à La Cantella, un bar qui a disparu, qui était rue Bagnolet à côté de la Flèche d’Or. C’était au pied de l’église Saint Germain de Charonne. Une église bien connue pour apparaître à la fin du film « Les Tontons Flingueurs ». C’est là qu’on s’est rencontré. On répétait au Liberty Rock Studio qui était aussi à deux pas et qui n’existe plus lui aussi.

Vous sortez votre onzième album studio, « Tenace, Part 2 » quelques mois après le volume 1. Pourquoi pas directement un double album ?
Mouss : Lorsqu’on s’est retrouvé avec nos 14 titres au lieu des dix prévus, on s’est posé la question. Mais c’est la solution des deux albums qui a été conservée.

Tous les morceaux viennent de la même session ?
Mouss : Oui.

On peut s’attendre à un Part 3 ?
Mouss : Non (rire). On va devoir se remettre à composer. Ça va pas être tout de suite quoi qu’il en soit. Quitte à sortir des EP en cours de route.

La répartition des titres entre les deux volumes s’est faite comment ?
Mouss : Déjà, je n’avais que 2 textes de terminés sur les 14 titres composés. De facto, deux morceaux étaient sur la partie 2. Ensuite, la sélection s’est faite au feeling. Sur « Part 1 », on a gardé les morceaux un peu plus énervés, un peu plus engagés. La partie 1 étant sombre et la partie 2 un peu plus lumineuse. Dans l’esprit c’est ça, mais ce n’est pas au rasoir.

Avec l’âge, l’engagement des paroles est toujours chevillé au corps ?
Mouss : Oui. Ce n’est pas avec à l’âge, mais c’est lié aux événements. S’il y avait une paix éternelle et si on allait au bout de la démondialisation ; si on revenait à l’Europe des Nations et à des états souverains, je pense que je serais moins engagé. Là, tout s’est accéléré ces derniers temps. Regardons l’Afrique, Israël et le Hamas, l’Ukraine… Je pense que l’Europe qu’on nous a imposée en 2005 ne fonctionne pas bien. Elle est inégalitaire et antisociale.

Comme breton, que pensez-vous d’une Europe des régions ?
Mouss : C’est une belle question. J’y étais farouchement opposé. Et je deviens séduit par l’idée.  La Bretagne, l’Alsace, le Pays Basque… sont des régions assez fortes. Mais j’ai peur qu’en allant dans cette direction, on fracture la France. Que ce soit le début de la fin. D’un autre côté, le Pays Catalan en Espagne est une région autonome avec sa langue et son histoire – comme la Bretagne – et ça fonctionne. L’Europe des régions me séduit dans l’absolu.

Avec Mass Hysteria, les featurings sont souvent bretons. Et hors Métal. Comment s’est faite la rencontre avec Miossec. Vos deux univers sont totalement différents !
Mouss : On se connaissait bien avant qu’il devienne Miossec… Et avant que je sois dans Mass Hysteria. Le milieu musical à Brest est très petit. Tout le monde se connaît. Du moins, à l’époque c’était comme ça. On traînait dans les mêmes troquets. On avait évidemment pris quelques caisses ensemble ! La base. On répétait dans le même endroit. Lui avec son groupe Printemps Noir. Il était très Cold Wave. On les appelait les Corbaks.

Et la rencontre avec l’ex Dolly Emmanuelle Monet ?
Mouss : A l’époque de Dolly, on se croisait sur pas mal de festivals. Une amitié s’est nouée. Elle est venue chanter sur « Briller pour toi », un titre en hommage au bassiste de Dolly, Michaël Chamberlain, décédé dans un accident de voiture. A chaque fois qu’on partagé l’affiche dans un festival, on refaisait le morceau.

Le fait que ces deux artistes soient bretons est le fruit du hasard ?
Mouss : Oui… Et non ! Je crois de moins en moins au hasard. La relation est fluide entre bretons. De tout temps. Dès que sors de Bretagne et que tu rencontres un breton ou une bretonne, direct, tu demandes : t’es d’où ? Si tu connais des gens de son coin, la conversation trouve des ramifications, des connaissances communes… Et là, c’est terminé, on boit des coups. C’est une vraie fratrie les bretons. Et plus on s’éloigne du pays et plus on est lié. Je pense que c’est comme ça avec les corses et les autres aussi. Mais de mon côté, c’est immédiat et hyper fort ! J’appelle ça l’intrication quantique.

Mass Hysteria chante en français. Un frein pour une carrière internationale ?
Mouss : Forcément. Je me suis centré sur le français pour me faire comprendre ici. Je n’aurais jamais l’épaisseur d’écriture en anglais comme je l’ai en français. Avec le temps peut-être… Mais jamais aussi loin dans la versification, l’exercice de style, les rimes… ça aurait été un peu plus superficiel. J’aurai eu tendance à vouloir faire sonner les mots en anglais plutôt que le sens. La forme plutôt que le fond.

Le parcours international de Gojira n’est pas un exemple ?
Mouss : Eux sont franco-américains. L’anglais est dans leur ADN. L’anglais est une seconde langue maternelle. Je me souviens lorsqu’ils avaient fait notre première partie lorsqu’ils s’appelaient encore Godzilla. Et déjà Yann et Titou hallucinaient sur le jeu de Jo Duplantier. Ils tirent la scène française vers le haut. C’est un groupe français, mais pas que…

Quel souvenir gardes-tu de l’ouverture pour Metallica aux arènes de Nîmes ?
Mouss : Je me souviens encore de toute la journée ! C’était ouf. Les arènes de Nîmes, c’était dingue déjà. L’après-midi, on a pu visiter les lieux, notamment les salles cruciformes en dessous. Et là on tombe sur une séance photo de Carole Bouquet ! Yann et moi on était fou ! Lui a réussi à avoir une photo avec elle ! Elle était super cool. Cette journée a été folle. Après le concert, on s’est rendu compte qu’on avait pris un peu de galon via le public français de Metallica. Le dernier morceau avait mis le feu. Tout le monde applaudissait. Un grand moment.

Metallica a joué le jeu ?
Mouss : Techniquement, on était libre. Humainement, je ne sais pas, on ne les a jamais croisés. C’est pourtant eux qui nous ont « invité ». On était fan. On a demandé une photo qui nous a été refusée.

Vous avez joué trois fois au Hellfest. Clisson est en Bretagne ?
Mouss : Le jour où la Loire Atlantique sera rattachée, je dirais oui. Pour l’instant, non, même si ça me ferait plaisir.

Vous revendiquez vos origines bretonnes ?
Mouss : A fond. Je suis breton par ma mère. Comme les juifs sont juifs par leur mère, je suis breton et catholique par ma mère. Mon père est berbère. Lui était musulman. Il est arrivé en France à 17 ans. Ils sont venus le chercher en Algérie pour reconstruire la France après la guerre. A 18 ans, il travaillait dans les chantiers avec des portugais, des italiens, des bretons, des polonais. Là, il a commencé à picoler, manger du saucisson… Le plat préféré de mon père c’était les pieds de porc ! Quand ses frères le visitaient, il briefait sa femme et ses enfants : ne dites pas que je mange du halouf ! Mon père s’est intégré très rapidement (rire).

Mass Hysteria n’a jamais envisagé d’intégrer une bombarde ou un biniou dans un de ses morceaux ?
Mouss : Ah oui, j’aimerai. On en déjà parlé avec Yann. Mais ce n’est pas un son qui lui parle. Je pense aussi aux chants bretons, les fameux kan ha diskan. Et pourquoi pas un morceau en breton ? Je suis séduit par l’idée, mais je n’ai jamais poussé plus loin.  Alors pourquoi pas pour un projet parallèle… J’ai envie. C’est dans un coin de ma tête ? J’ai des bouts de textes qui ne collent pas à l’esprit Mass Hysteria, mais qui me plaisent. Soit, je file ça à quelqu’un, soit j’en fait quelque chose.

Hervé DEVALLAN

Mass Hysteria « Tenace Part 2 » (Verycords)

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