Step out est le neuvième album de Terez Montcalm. Mariant soul et jazz, compositions originales et reprises, la québécoise semble une nouvelle fois hisser son niveau. Un album qui swing tout en douceur et dont on souhaite que son interprète passe beaucoup de temps en Bretagne pour nous présenter ce petit bijou en live. 

Pourquoi marier reprises et chansons originales sur votre album ?
T.M. :
C’est ma petite recette. C’est mon 9ème album et j’ai toujours fais ça. J’adore chanter les chansons des autres. Je ne me verrai pas faire un album sans cover. Je suis auteur compositeur : OUI ! Mais je considère que je suis davantage une interprète.

Comment ont été choisies les reprises ?
T.M. :
Quand on décide de faire une cover, c’est important de vérifier qu’elle n’a pas été faite cent mille fois par d’autres. De plus, elle doit me rappeler des souvenirs personnels. Ça ne sert à rien de reprendre un morceau récent.

Sur l’album on trouve « J’attendrai » un titre popularisé en France par Claude François.
T.M. : Oui, pour moi, c’est « Reach out (I’ll be there) » avec Diana Ross. On cherchait du répertoire en français pour le marché québécois. Pour eux, il fallait deux ou trois titres en français. Et pour l’équipe, c’était un grand bonheur de travailler du matériel francophone. Le français est important au Québec. Je réalise qu’en France, il ne l’est pas du tout ! Au début je ne voulais pas reprendre cette chanson. En écoutant la version de Clo Clo, je dis non, ce n’est pas possible. Elle est speed à profusion. On décide quand même de la travailler à la Barry White. A la fin de la journée, elle était enregistrée.

Il y a une seconde reprise aussi…
T.M. : Oui, « T’en va pas comme ça ». C’est Nancy Holloway qui l’interprétait. Dominique Blanc-Francard a insisté pour que je l’écoute. J’ai trouvé la mélodie tellement jolie. A l’origine, elle est en 4/4. Pour lui donner du swing, j’ai décidé de la jouer en 5/4. On a changé la rythmique.

Pour le Québec, il est important d’avoir des titres en français ?
T.M. : Pour la promotion et la diffusion, oui. Au Québec, on est très à cheval sur la langue française, même s’il y a beaucoup d’anglophones et de nord-américains. Mais, si tu es une artiste québécoise, tu te dois de chanter en français. De toute façon, ça ne me dérange pas : j’adore chanter dans les deux langues.

Le français et l’anglais sonnent de la même manière ?
T.M. : ça drive autant. Pour moi. Quand j’écoute du Nougaro, c’est beau. La musique est universelle.

Vous composez en français ou en anglais ?
T.M. : Les deux. Même s’il s’appelle Montcalm, mon père est anglophone, il est de Toronto. On parlait beaucoup anglais à la maison. On passait de l’un à l’autre, ma mère est québécoise. Mes frères et sœurs sont nés dans l’Ontario, moi, je suis née à Montréal. Mais aujourd’hui, Montréal, c’est 50% d’anglophones et 50% de francophones. Et sur cette seconde moitié, il y a 50% de français. Plus de 3000 français arrivent chaque année à Montréal. Peu repartent : ils préfèrent la qualité de vie du Canada !

Ils ont raison ?
T.M. : Je ne sais pas…

Vous menez de front, votre carrière dans les deux pays ?
T.M. : En France, depuis 2006, oui. Mais je ne m’attendais pas à un tel accueil. L’album « Voodoo » que j’avais fait majoritairement en anglais pour le marché canadien, est tombé dans les mains de Francis Dreyfus, d’Universal et de Sony. Les trois ont voulu signer l’album. J’ai choisi Dreyfus parce que c’est un homme pour qui j’ai beaucoup d’estime. Et j’adorai ses artistes ! Pour moi c’était un honneur d’intégrer ce label indépendant. Qui plus est, un indépendant qui travaille ses artistes parfois mieux qu’une Major. Au final, on a vendu 200 000 copies du disque Je ne m’attendais pas à une telle carrière en Europe. Il s’est avéré que je passais plus de temps ici que chez nous au Canada.

Vous parlez d’un succès en Europe. Dans quels pays ?
T.M. : En France, Belgique, Suisse, Allemagne, Italie…

Et en Bretagne ?
T.M. : Oui, beaucoup ! J’adore la Bretagne. Les huîtres, la mer… C’est orageux, c’est beau. Je trouve que ça ressemble au Québec. Et surtout dans les patois. Quand, on parle avec les gens, il y a une connexion qui se fait. Je me reconnais davantage dans les bretons que dans les français. En fin de compte, vous êtes juste de l’autre côté de la mer. C’est comme si vous étiez un peu québécois… Je ne sais pas pourquoi. Et vous ne mangez pas nécessairement comme les français ! Comme chez nous, c’est un peu plus rustique !

Vous tournez aux Etats-Unis ?
T.M. : Non, pas beaucoup. Peut-être avec cet album ! En revanche, je tourne dans tout le Canada, dans l’Est, en Gaspésie, Nouvelle Écosse…

Vous chanteriez uniquement en français, vous connaîtriez le même succès dans le canada anglais ?
T.M. : Non.

Le marché français est plus ouvert !
T.M. : Vous autres, je ne comprends pas. Quand on a fini le disque, j’étais contente de mes deux titres en français. Je me suis dit c’est parfait pour les parisiens et la France. Trois semaines plus tard, il a fallu que je rentre à nouveau en studio au Québec avec la bande son de « J’attendrai » pour enregistrer une version anglaise pour le marché français ! Moi je l’aime plus en français qu’en anglais. En anglais elle a tellement été reprise, que ce n’est pas original.

Cette version anglaise est sur l’album ?
T.M. : Si, c’est « Reach out I’ll be there », le quinzième morceau.

Au Québec, c’est la version française qui est diffusée ?
T.M. : Oui, les deux premiers singles sont « J’attendrai » et « Be my baby »

Hervé DEVALLAN

« Step out » (Spectra Music)

Terez Montcalm sur scène à Paris
8 février 2024 au Jazz Club Etoile – Hôtel Méridien
26 mars 2024 au Studio de l’Ermitage, 8 Rue de l’Ermitage, 75020 Paris

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