Indemnisation des dégâts de l’Amoco Cadiz… Lutte afin que ne soit pas construite la centrale nucléaire de Plogoff… Bataille contre les éoliennes de Guern… La Bretagne est un pays de combats aux épilogues longs et difficiles.

Personne n’a oublié le visage rude et sévère d’Alphonse Arzel, maire de Ploudalmézeau (29), homme dont le courage et la persévérance lui permirent de se battre durent quinze longues années pour la défense des intérêts de sa commune et de toutes celles dont les côtes furent souillées par la marée noire de l’Amoco Cadiz en mars 1978. Les batailles se cumulèrent quelques mois plus tard, avec des dizaines de milliers de Bretons unis contre le projet d’installation par EDF d’une centrale nucléaire dans la commune de Plogoff. La résistance s’accentua les décennies suivantes, moins médiatisée mais tout aussi opiniâtre face à la machine de guerre jacobine toisant la Bretagne du « haut » de ses salons parisiens.

Nous saluons aujourd’hui la victoire des Morbihannais contre les moulins à vent de l’entreprise allemande ZJN Grundstucks-Verwaltungs GmbH. Un combat juridique titanesque mené avec courage par l’ACPEG (Association Contre le Projet Éolien de Guern) qui, depuis que le préfet du Morbihan – une certaine Élisabeth Allaire – accordât en 2005 un permis d’implantation de quatre éoliennes de 140 mètres, s’est battue bec et ongles contre ce géant de l’énergie teutonne. Et ! Alors que plus personne n’y croyait, voilà qu’enfin la plus haute juridiction administrative a tranché : « Les éoliennes de Guern sont illégales et doivent être démontées. »

L’État français a volontairement laissé perdurer pendant toutes ces années une situation bancale autour des éoliennes de Guern. Les quatre moulins, chacun aussi haut qu’une demie tour Eiffel, sont effectivement en zone protégée (ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), ils ont, en outre, été construits trop près des habitations ; l’un d’eux se trouve à 380 mètres d’une maison et à 450 mètres d’une autre. Rappelons que l’éloignement minimal entre un mat éolien et une résidence est de 500 mètres, quelle que soit la taille de la commune. ZJN Grundstucks-Verwaltungs GmbH n’a pas davantage respecté les impératifs environnementaux, faisant preuve de désinvolture en ce qui regarde le cahier des charges écologiques. Pire ! Les principaux défenseurs des rivières bretonnes ont fermé les yeux sur ce scandale. De même, la fuite des loutres de la Sarre, apeurées par le bruit sourd des machines en fonctionnement, fut ignorée par les écologistes locaux.

Après dix-sept ans d’une procédure fleuve, la justice a signifié l’annulation du permis de construire, doublée d’une cessation immédiate de toute activité. Le 30 décembre dernier, le Conseil d’État rejetait le pourvoi allemand et validait une amende quotidienne de 1.000€ infligée à l’exploitant jusqu’au démantèlement des installations. Bien que la cour administrative d’Appel de Nantes ait été saisie par l’entreprise afin de réétudier le fond des attendus, cette nouvelle action n’est pas suspensive du jugement et, en date du 10 janvier, le préfet du Morbihan, monsieur Joël Mathurin, a signé le démantèlent du parc. David enfin vainqueur de Goliath ! Conseillons-lui cependant de garder sa fronde à portée de main.

Jérôme ENEZ-VRIAD

© Janvier 2022 – J.E.-V. & Bretagne Actuelle

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