Déjà quatre décennies que cela dure. À chaque fois qu’approche l’hiver, Rennes se transforme en capitale internationale de la musique et de découvertes sans cesse renouvelées. Rencontre avec Jean-Louis Brossard, qui 40 ans après, ne se lasse toujours pas de faire émerger groupes et styles musicaux nouveaux pendant ses Transmusicales.

L’année dernière [mettre lien vers le papier de l’an dernier ?] vous avez qualifié la programmation des Transmusicales comme particulièrement éclectique et internationale, placée sous le signe de ce que vous appeliez alors « sono mondiale ». Qu’en est-il cette année ?
Jean-Louis Brossard : Je dirais que c’est encore plus affirmé que l’année dernière. Les groupes viennent d’horizons encore plus différents. L’Afrique est de plus en plus présente dans la programmation, c’est la même chose pour l’Asie. C’est d’ailleurs assez rare pour être signalé mais les groupes anglais et américains sont franchement en minorité cette année !

Donc oui, la programmation est mondiale parce que les groupes viennent plus que jamais de partout, de Bretagne d’ailleurs aussi, mais aussi parce que les groupes sont construits par différentes identités, plusieurs pays. Guiss Guiss Bou Bess (vendredi, Parc expo, hall 8), par exemple, utilise de la musique traditionnelle du Sénégal et la mélange à l’électronique avec un musicien français.

C’est mélangé comme jamais et forcément, ça produit des sons retravaillés, modernisés, nouveaux tout simplement. On assiste cette année même à un retour du reggae ! Mais pas le reggae jamaicain que l’on connait, là-encore, c’est autre chose, venu de Corée-du-Sud : NST & The Soul Sauce (samedi, Parc expo, Hall 8).

L’Afrique, vous le disiez, est en effet très présente dans la programmation. Il s’y passe vraiment des choses nouvelles ?
Jean-Louis Brossard : C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses interessantes en Afrique et de plus en plus. Après il faut aussi avoir une oreille attirée par ce qu’il s’y passe d’original. Moi, je n’ai pas été chercher des groupes qui vont nous faire que de l’afrobeat ou de la musique typée « africaine ». Les groupes africains que je programme sont le fruit de mélanges, de réinterprétations de sons traditionnels. Ils sont clairement à la recherche de collaboration avec d’autres continents, l’Europe ou les Etats-Unis par exemple, pour créer une musique différente.

Dans tous les genres ?
Jean-Louis Brossard : Oui, ça se ressent dans tous les genres, surtout dans l’électronique. C’est là-bas que je trouve actuellement les choses les plus intéressantes. Ils ont réussi à renouveler le genre, ce qui n’est pas le cas tout le temps de la house ou de la techno même s’il y a toujours de bons DJ qui sont là pour te faire lever les bras en l’air. Globalement, c’est efficace mais déjà entendu. Or moi, je suis toujours à la recherche de l’originalité. J’ai deux exemples, COCO EM (samedi, Parc expo, hall 4), un DJette du Kenya, ou Continuadores (jeudi, UBU).

La mondialisation musicale actuelle, ne souffre finalement pas d’uniformisation comme on aurait pu le craindre ?
Jean-Louis Brossard : Pas pour moi en tout cas, c’est tout le contraire. Le mélange par définition crée de la nouveauté, de l’originalité. Et comme moi en plus je recherche exactement cela, je ne me lasse pas du tout.

Du coup, vous ne craignez pas de vous lancer dans quelques mois dans la programmation des 42e Trans !?
Jean-Louis Brossard :
Non, je ne me lasse pas de ce boulot. Il y a tout le temps des choses qui sortent. Par contre, c’est vrai que de temps en temps c’est un peu l’angoisse, je traverse quelques grands moments de solitude, vers février-mars. La page est blanche, j’ai très peu de noms en tête pour l’année d’après quand le festival se termine. Ca met un peu la pression. Ces dernières années par exemple, j’ai parfois un peu galéré à trouver en musique électronique des artistes qui m’intéressaient vraiment. C’est pour ça que je me suis tourné vers l’Asie ou l’Afrique pour trouver. Mon angoisse principale, c’est de ne pas trouver des artistes que j’aime vraiment, je les aime tous ceux qui viennent aux Trans. Je ne suis pas là pour remplir des cases sur un programme !

Et la Bretagne dans tout ça ?
Jean-Louis Brossard : Ca commence à faire quelque années qu’il y a un réel renouveau. Ca bouge vraiment beaucoup. A Rennes, c’est évident, avec le nombre d’étudiants, les infrastructures et le passé musical, des nouveaux groupes hyper bons se montent tous les ans. Ailleurs en Bretagne c’est impressionnant aussi. Brest, par exemple, est une ville que je découvre de plus en plus. J’aime y passer du temps et au niveau de la musique, là-aussi il s’y passe de belles choses.

Propos recueillis par David EVEN

3 groupes bretons (parmi d’autres) à découvrir et surveiller par la suite :

SONGO (samedi, Parc expo, Hall 8)

Jean-Louis Brossard : « C’est le groupe qui incarne le mieux ce que seront les Trans cette année : un groupe basé à Rennes, quatre personnes, trois nationalités. »

TeKeMaT (Samedi, L’Etage, gratuit)

Lesneu (Jeudi, L’Etage, gratuit)

 

Les 41e Rencontres transmusicales de Rennes, se déroulent du 4 au 8 décembre 2019. Plus d’informations et programmation complète sur wwwlestrans.com

Photo Jean-Louis Brossard : Richard Dumas

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