Polisse est un film rafraîchissant. Pas seulement parce qu’il part d’un bon principe (inscrire le scénario dans le réel) et se nourrit aux bons sentiments, on sait que cela ne suffit pas en général.
Mais parce que le ton semi documentaire est juste et qu’on apprend beaucoup ici. On pourrait faire remarquer à ce sujet que Marina Foïs, au milieu de ce « joué comme dans la vie » semble parfois à la limite de l’auto parodie ; mais ce serait être un peu grincheux. Ne boudons pas notre bonheur, le mot plaisir serait déplacé devant de tant misère et de triste condition humaine sans cesse étalées.
Le bonheur donc de vivre la vie d’un commissariat parisien comme si on y était, comme un intrus voyeur (ayant payé sa place…) qui va en apprendre un peu plus sur le quotidien d’un lieu de confrontation moderne, et sur les scories qu’il charrie. Ainsi nous voila loin, tout au long de cette leçon de choses édifiante, des poncifs des séries télés voulant faire aussi bien que les networks américaines, alors que ce qui nous intéresse dans les séries d’outre-Atlantique finalement, ce n’est pas tant la manière dont elles sont filmées ou agencées, mais plutôt le fait qu’elles nous parlent d’Amérique justement, et que cet exotisme nous ramène mine de rien aux westerns de notre enfance. Ici point de fausse route, un joyeux bordel et des gens à bout de nerfs un peu partout. La vie à Paris comme si on y était. Un quotidien dont le centre névralgique est la salle d’interrogatoires de la brigade de protection des mineurs, des bureaux où les scènes difficiles se suivent : Interrogatoires de pédophilies, de tous âges et de toutes conditions, ou encore d’un intégriste musulman soupçonné de maltraitance et ne voulant pas échanger avec une policière femme, échanges avec femme africaine souhaitant donner son enfant pour qu’il ne finisse pas comme elle.
Des questions crues en huis clos, des interrogations réalistes et sombres qui peuvent choquer mais le procédé est nécessaire. Ceci n’empêchant pas les scènes d’extérieur toniques et justes, ni l’humour vache de jaillir parfois. Quant à l’image de la police, elle en sort améliorée même si ce n’est pas le propos fondamental du film. Mais on assume là, alors que dans ce pays on peut en douter parfois, qu’au sein de cette brigade de protection des mineurs la plupart des flics font bien leur boulot. Et le prennent à cœur. Trop parfois. Mais comment faire autrement puisqu’il s’agit d’enfants en danger ? Point ou peu de pathos ici pourtant. On pourrait ajouter que Joe Starr aime l’écran, tant la vraie vie semble lui aller comme un gant. Il est juste dommage que son histoire d’amour avec Maïwenn actrice vienne distordre un peu trop l’axe réalité/fiction déjà mis à mal par principe dans le film. D’autres objecteront que c’est la bouffée d’amour dont l’œuvre avait besoin pour ne finalement pas trop s’éloigner de la réalité. Je vous invite à vous faire votre opinion et à courir voir ce film déjà succesfull, et qui le mérite bien.
Polisse, réalisé par Maïwenn avec Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Maïwenn. Année de production : 2011 – France – Durée : 02h07min
