Le Conseil départemental de Loire-Atlantique s’est exprimé hier, lundi 17 décembre 2018… Il n’organisera pas la consultation citoyenne réclamée par 10 % de la population du département. Quelle surprise ! A l’heure où la vindicte populaire pousse au référendum d’initiative citoyenne (le fameux RIC), il est surprenant – ou pas - de constater que nos chers élus tiennent peu compte de l’opinion de leurs électeurs. Au-delà du déni de démocratie, c’est une faute politique.

Une faute qui méprise l’avis d’une majorité au rattachement. Depuis des décennies de nombreux sondages prouvent que 70 % de la population de Loire-Atlantique est en faveur d’un retour en son giron, la Bretagne. Mais est-ce l’intérêt de potentats locaux et souvent socialistes ? Rappelons que François Holland est lui aussi de cette engeance jacobine souvent prompte à donner des leçons.

Dans un premier temps, et avant ce vote, la pression est venue de 20 députés et sénateurs bretons (dont 4 de Loire-Atlantique), rappelant « que la volonté des habitants de Loire-Atlantique soit respectée par le Conseil départemental pour qu’ils puissent s’exprimer. » Et de poursuivre ; « Organiser une consultation populaire permettrait à chaque électeur de s’exprimer en donnant son avis sur la mise en œuvre ou non par le Conseil départemental de son droit d’option. Ce n’est qu’ensuite que le Conseil départemental pourra décider de manière éclairée que soit mis au débat des trois assemblées locales (deux régions et le département), le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. 

Manifestement, ils n’ont pas été entendus puisque le conseil départemental de Nantes et ses cantons a voté contre son rattachement à la Bretagne. Une question qu’on ne lui posait pas de toute façon. Trente élus départementaux, ont voté contre le rattachement, 13 ont voté pour, et 15 se sont abstenus. Quatre n’ont pas pris part au vote. En revanche, 55 élus se sont prononcés pour que l’État organise un référendum dans les deux régions concernées. Un vote symbolique, le département n’ayant pas la possibilité légale d’organiser un tel référendum.

« Les habitants des neuf départements des deux régions des Pays de la Loire et de Bretagne doivent s’exprimer parce que ce sont les territoires impactés par un changement de limites, par un changement de frontière« , a estimé Philippe Grosvalet. « Ce sont tous les habitants de ces deux régions qui sont concernés et donc c’est à eux qu’il faut demander l’avis. »

Il y avait moyen de passer une étape importante

Une belle façon de botter en touche et de refiler la patate chaude à Paris. Pourtant, selon le député du Morbihan Paul Molac, « il y avait moyen de passer une étape importante du processus politique en consultant directement la population du département. Au lieu de cela, le Conseil départemental par une manœuvre dilatoire renvoie le sujet au Gouvernement en vue de l’organisation d’un référendum décisionnel dont on peut estimer qu’il ne sera pas pressé d’organiser alors qu’il a déjà annoncé que les contours des régions n’évolueraient plus. » Et l’on peut ajouter que trouver une telle majorité dans les deux chambres n’est pas évident, sauf à ce que les élus LREM ne reçoivent un ordre direct de l’Elysées. A l’heure de la gronde des Gilets Jaunes, l’idée n’est cependant par farfelue. Car ce rattachement tient d’un simple décret de 1955, (puis 1959 et 1960) et de la Loi Deferre de 1982. Tout peut donc changer rapidement ! Et qui sait, avec une liste « Jaune » aux Européennes, Emmanuel Macron est capable de céder sur quelques points.

Paul Molac n’a pas cette approche puisqu’il « appelle à ce que l’ensemble des acteurs (élus départementaux, régionaux, parlementaires, Gouvernement, partis politiques et associations) se mettent autour de la table pour que cette occasion manquée puisse permettre de trouver les bases d’un accord tendant au respect de la volonté des bretonnes et des bretons pour l’enclenchement d’un véritable processus démocratique sur la réunification de la Bretagne qui n’a que trop tardé. Cela devra également permettre d’aboutir à une vision sur le devenir des trois régions Bretagne, Pays-de-la-Loire et Centre-Val-de-Loire qui pourraient plus n’en faire que deux. »

Une belle usine à gaz qui devrait se perdre en commission et sous-commission. Alors, vite exigeons un vote des députés et des sénateurs pour aller dans le sens de la démocratie et de l’histoire. Car laisser à la seule Christelle Morançais, Présidente de la région Pays de la Loire, le droit de tout bloquer reste une anomalie. Une anomalie qui arrange cependant beaucoup de monde, mais peu de bretons.

Hervé Devallan

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