Nolwenn Kevell est architecte d’intérieur. Installée à Rennes depuis 2004, elle décrit pour Bretagne Actuelle les réalités d’une profession où la concurrence est de plus en plus rude. Pour exister, il faut donc trouver une voie unique et personnelle. En cherchant à comprendre l’envie profonde de ses clients, en ayant une vraie science des couleurs, de la lumière, des sons et des volumes, elle révèle plus qu’elle n’impose la propre vision de son art. Interview.


Comment devient-on architecte d’intérieur ?
Ça a démarré lorsque j’avais 14 ans. J’étais avec ma mère, on venait d’emménager, c’était le vide, on n’avait aucun meubles. J’ai rencontré un décorateur ensemblier comme on appelait à l’époque ceux qui s’occupaient d’imaginer des meubles et de les vendre. Je me suis aperçue à ce moment là que j’avais la mémoire des couleurs. Et j’ai trouvé ça passionnant d’imaginer et de  composer ces paysages intérieurs.
Bien plus tard, j’entre à l’école des Arts Appliqués Olivier de Serres à Paris pour préparer un BTS d’architecte d’intérieur. Ensuite, j’ai poursuivi à l’école des arts décoratifs de Paris, pour faire 2 ans de mobilier, car dans ce métier, on distribue et compose des volumes, pas seulement par des cloisons, mais aussi par du mobilier.  Là, j’ai appris à concevoir et fabriquer des meubles en bois, métal, matériaux de synthèse, résine… On avait des ateliers à notre disposition et des techniciens pour nous aider et à penser chaque détail.

L’architecte d’intérieur a donc plusieurs métiers ?
L’architecte d’intérieur répond à des besoins fonctionnels comme distribuer les espaces en réponse à des usages, placer des meubles dans un espace avec des préoccupations d’ergonomie et de confort. On associe les problématiques fonctionnelle et esthétique. Le choix d’une polychromie joue sur la sensation visuelle bien sûr, mais aussi le toucher et le son s’il s’agit d’un sol ; et puis la façon dont on va percevoir ces volumes. Un volume a des qualités et des défauts comme par exemple un angle refermé. L’objectif est de mettre en valeur les qualités, comment atténuer les défauts et comment repousser ses limites, pour travailler sur cette perception visuelle du volume. Il faut tenir compte de tous ces paramètres. 

C’est donc un travail en 3D sur les 5 sens ?
Bien sûr. C’est aussi un travail complémentaire de celui de l’architecte qui, lorsqu’il conçoit le bâtiment, a une problématique intérieure et extérieure. Donc on travaille ensemble à détailler et développer ses réponses intérieures.

Vous travaillez souvent avec des architectes ?
Non, pas beaucoup, mais ça arrive. Ce qui est intéressant c’est de travailler dès l’amont, c’est-à-dire au début du projet. Ça m’est arrivé. Sur un pôle enfance, on a travaillé sur la question de la polychromie extérieure et intérieure. En général, J’arrive en dernière limite, après que l’architecte ait déjà fait des choix et que le maître d’ouvrage ait exprimé ses souhaits.

Vous gérez donc un ensemble de contraintes !
Oui, les contraintes du bâtiment et de son environnement ; et les contraintes intérieures, celles du cahier des charges du client. Pour certaines entreprises comme par exemple Canon, le cahier des charges était de respecter les valeurs de l’entreprise. Il faut que l’environnement soit en adéquation avec l’image de la marque, par exemple la philosophie de Canon c’est l’harmonie « kyoseï » en japonais. Il fallait que ça exprime cette culture.

Vous avez débuté à Rennes ?
Non, à Paris. J’ai décidé de m’installer à Rennes en 2004. Je suis passée de salariée à indépendante. Rennes est une ville dynamique et à taille humaine. Et c’est une ville centrale en Bretagne. Ca me permet d’aller travailler à Nantes, à Saint-Brieuc, sur la côte Sud et sur la côte Nord vers Saint-Malo.

La majorité de vos clients est à Rennes ?
Oui, à Rennes et sa périphérie. Mais pas uniquement. Dernièrement, je suis allée à Nantes pour réaliser un cabinet d’avocat. Là j’y retourne pour faire de la polychromie de cage d’escaliers pour un bailleur social. Et puis Saint-Brieuc aussi. J’ai fait un pôle enfance là-bas. Je suis allée jusqu’à Redon pour faire une médiathèque. Et sur la côte Nord je travaille avec des particuliers.

Quelles est la répartition de votre clientèle entre pro et particulier ?  
C’était 70% professionnel et 30% particuliers. Mais en 2013 il y a eu une inversion dû au développement de mon entreprise. Mais que ce soit public ou privé, le marché est tendu depuis 2008. Pour le marché privé, ça s’est crispé à cause de la concurrence. Les architectes qui faisaient du neuf se sont donc mis à faire de la rénovation et à résoudre des problématiques d’intérieures.

Les architectes sont-ils aussi devenus des architectes d’intérieur ?
Oui, bien sûr ! A Paris par exemple, comme on n’est pas sur des problématiques de neuf, beaucoup d’architectes ne font que de la rénovation intérieure. A la base ils sont architectes et ils deviennent architectes d’intérieur de fait. Ils vont même jusqu’à être décorateur. Un architecte vous dira forcément qu’il s’occupe de l’intérieur car il gère tout de A à Z. Il n’y a pas de frontière entre les métiers. On est forcément décorateur car on va traiter les surfaces, on va amener des objets luminaires par exemple. Donc là oui, on est dans la décoration. Le décorateur, lui, il ne casse rien. Il peut supprimer une cloison, mais il ne touche pas à des éléments porteurs contrairement aux architectes d’intérieurs.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ? 
Chaque architecte d’intérieur a son univers créatif. Moi ce que je mets en avant c’est ma qualité d’écoute. Tout le monde vous dira qu’il écoute particulièrement. Mais j’ai cette capacité à m’imprégner et à comprendre à la fois les lieux et les gens. Au centre, on place l’humain. Je ne fais pas d’effet de style sur des problématiques qui ne pourraient être qu’esthétiques ou fonctionnelles.

C’est donc une approche psychologique du métier ?
Oui. C’est vraiment l’humain qui est au centre, du début à la fin. Je ne fais pas semblant d’écouter au début pour m’en dissocier ensuite. Je n’impose rien, je suis force de propositions. A une problématique, il y a une proposition. Il y en a même plusieurs car je propose deux choix. Ces choix sont toujours argumentés. Il y a toujours du sens dans ce que je propose. Le décisionnaire c’est le client.

Et si le client se trompe selon vous ?
Le client ne peut pas se tromper s’il prend l’une de mes propositions ! Mais il faut qu’il le fasse en cohérence avec le lieu, sa personnalité et la façon dont il va vivre et occuper cet espace. C’est lui qui vit dedans. C’est pour cela que c’est toujours ouvert. C’est lui qui va s’approprier ce que je propose. Et c’est ce que je n’avais pas perçu à 14 ans… Mais c’est ce qui est aussi passionnant dans ce métier. Certes on fait de la veille en permanence et on construit. On est une fabrique d’idées.

Vous avez réalisé cette salle de réunion pour Canon où nous trouvons actuellement. Quel était le cahier des charges ?
Réaliser un espace de réunion fonctionnel qui puisse aussi accueillir les invités des entreprises extérieures et donc exprimer les valeurs de Canon : recherche et innovation. J’ai combiné et adapté ces paramètres à cette salle de réunion.

Le facteur humain est ici réduit…
Non, ici il est représenté par le responsable du bâtiment et le Président de la société. La plupart du temps, et c’est ce que l’on appelle un projet concerté, c’est-à-dire qu’on a besoin d’au moins deux – trois interlocuteurs. C’est intéressant de participer à la constitution de l’équipe qui va suivre le projet. Ici, ça n’a pas été la volonté de Monsieur Diaz, le Président du Centre de Recherche de Rennes, de constituer une équipe élargie. Pour le projet de rénovation de l’ensemble du centre, c’est ce qui a été fait. C’est-à-dire que là, un ergonome a interrogé et étudié, analysé, observé, comment les ingénieurs travaillent à leur poste de travail dans le centre de recherche. Pour la salle de réunion, la problématique est moins complexe.

Quelles difficultés avez-vous rencontré sur cette réalisation ?
Il n’y a pas eu de mauvaise surprise. Même dans les demandes très spécifiques du client comme : amener toute la partie alimentation en sous-face du plancher qui traverse la dalle pour revenir dans les pieds de la table de réunion pour câbler. De même que d’avoir une table complémentaire plus petite (4 à 6 personnes). On a aussi travaillé l’éclairage en fonction de la configuration de projection. On a ici des stores filtrants et occultants qui viennent varier les apports de lumières. On a mis des pavés d’éclairage qui permettent aux spots d’éclairer chaque poste. L’éclairage c’est clef pour faire vivre un décor, pour avoir une perception différente. Il faut un décor de jour et un autre de nuit. Quelque soit le chantier, c’est un challenge. Dans les problématiques d’aménagement de bureaux, on a aujourd’hui des produits en luminaire qui permettent de travailler à la qualité de lumière. C’est-à-dire qu’on est sur une lumière de jour, une lumière blanche, qui se mesure à 4 000 Kelvin (ça se mesure comme ça), mais dès le matin on va commencer par une lumière qui est relativement blanche (3 000 Kelvin) qui va pouvoir dans notre cerveau calmer la production d’hormones du sommeil. Et à partir de 15h où est monté jusqu’à 4 000 Kelvin, on va commencer à baisser cette lumière blanche pour être sur une lumière plus chaude (2 500 Kelvin) pour faire que notre cerveau, par le biais de nos yeux, perçoive une lumière plus chaude et donc calmer cette production d’hormones qui nous maintient en éveil pour nous amener à cette production d’hormones du sommeil et qu’on puisse le soir bien s’endormir.

Cette variation est automatique ?
Oui, cela est géré automatiquement. C’est directement intégré dans les luminaires. Si j’allume la lumière à 8h ou 15h, elle n’est pas la même. Autrement on a une gestion sur un parc complet dans un open space par exemple. On a une gestion en fonction des apports de lumière naturelle et de l’occupation du local, de l’espace, pour une personne travaillant seule dans l’open space pour qu’elle soit quand même un peu environnée d’éclairage. On est sur des programmations intelligentes, à la fois sur l’énergie, sur le coup des consommations, mais aussi sur notre fonctionnement physiologique.

Etes-vous assujettie à la réglementation environnementale en tant qu’architecte d’intérieur ?
Oui. Cela fait aussi parti du cahier des charges. On regarde l’origine des matières, à la fois dans la production de la matière avec en amont le fabricant, comment il fabrique sa matière, comment il gère ses déchets, comment il transporte sa matière donc d’où on la fait venir ; et aussi à l’intérieur avec ce qu’elle va dégager en terme de pollution, de composés organiques volatiles, etc.

 
Ici chez Canon, d’où viennent la décoration et le mobilier ?
Il vient de loin (rires) ! Non, ce n’est pas produit en local. De mémoire, on est sur une marque scandinave. Les fabricants de table de réunion sont plutôt américains, allemands et scandinaves. C’est pareil pour les chaises. Rien de ce qu’il y a ici n’est produit en local. En revanche, la peintre décoratrice qui a fait tout le travail de décor mural est d’ici, d’Ille-et-Vilaine. Les autres entreprises avec qui on a travaillé sont aussi du département.

C’est donc vous qui choisissez si l’artisan vient du coin ou de l’autre bout du monde ?
Oui, le choix de l’artisan se fait avant tout sur la qualité de son travail, puis sur son niveau de réponses : est-ce qu’il répond finement et dans le détail à ce qu’on lui a demandé. Il y a un troisième critère : le prix.

De manière générale, le mobilier vient de loin ?
En taxe carbone on n’est pas super ! (rires) La table sur laquelle nous sommes posés, Canon a voulu impérativement la voir. Et elle était visible où ? A Paris. Donc ils sont allés à Paris, dans une entreprise qui avait installé cette table ou son équivalent, pour l’avoir. Ca représente un investissement, je dirais d’à peu près 7 000€. D’où l’importance de valider le choix de visu. Idem pour les sièges. Internet ne change rien à l’affaire, on a besoin de voir les finitions, la qualité des assemblages, la qualité des soudures, tous ces détails, que ça soit pour un siège comme pour un canapé. On a envie de l’essayer avant. On veut expérimenter la chose. Ceci dit, ça favorise les producteurs locaux.

Vous réussissez à trouver tout ce qu’il vous faut en Bretagne ?
Ce n’est pas évident. On importe beaucoup, notamment les luminaires. Là aussi on a besoin de voir l’objet. On a envie de voir le rendu.

Vous pensez qu’il y a un déficit de fabricants locaux ?
Pas de fabriquant non mais de distributeur. Au niveau mobilier on a pas mal de distributeurs sur Rennes, mais les gammes sont tellement vastes… Tout paraît si accessible sur Internet ! Et aujourd’hui on a envie de tout voir en réel. Du coup c’est compliqué. Pour le commerce aujourd’hui qui a une vitrine, il faut à la fois qu’il ait un choix vaste et un show room sur place. Et qu’il fasse du chiffre !

Est-ce que vous travaillez avec les conciergeries de meubles qui arrivent à trouver des choses très précises ?
Je ne travaille pas avec ce type de système. En revanche, j’ai des clients qui ont une problématique précise. Et là c’est à moi de trouver le meuble. Par exemple en ce moment, j’ai une sculpture à trouver pour une salle à manger. C’est du complément de décoration pour des problématiques très ciblées et pour des clients qui sont arrivés au bout de leurs recherches. J’ouvre aussi mon carnet d’adresses sur les artisans d’art comme ceux qui travaillent la peinture décorative, le verre, le vitrail. Pour cette recherche de sculpture, je dois rencontrer des artistes. En ce moment j’ai aussi des clients, que j’ai depuis plusieurs années, qui sont à la recherche d’un tableau précis. Je connais bien le lieu, je l’ai pensé. Donc il faut le coup de cœur. Je leur propose des toiles et est-ce que ça leur plaît ou pas, sinon je continue à chercher. Cette recherche d’artistes, je le fais et je le développe qu’en discutant et en m’associant avec des savoir-faire. Je ne suis pas ébéniste donc je m’associe avec le menuisier et ses compétences pour certaines problématiques d’assemblage. C’est la même chose avec un artiste. Je vais aller voir un certains nombres d’artistes pour cette fameuse sculpture, je vais planter le décor, je vais leur dire mon idée et je vais voir avec eux comment eux ils l’imaginent.

Est-ce que vous travaillez aussi l’acoustique d’une pièce ?
Oui. Là aussi j’accompagne les clients jusqu’à l’intégration de la chaîne Hi-fi ou de la vidéo. Techniquement, les qualités du matériel, je mets en relation le client avec le spécialiste qui va l’accompagner pour le choix du matériel. Mais quand on parlait de sensation et des sens, il y a forcément l’acoustique oui. Ca fait partie du cahier des charges. Il y a les qualités fonctionnelles, techniques, esthétiques et acoustiques d’un lieu.

Pour les particuliers, est-ce que les gens demandent à ce que leurs meubles restent et s’inscrivent dans l’évolution ou est-ce qu’ils en profitent pour tout changer ?
Souvent on conserve du mobilier. On liste le mobilier qu’eux souhaitent conserver. Mais après j’apporte mon expertise sur ce qui va être pertinent de conserver et sur ce dont on va devoir se défaire. Et là, ils doivent se préparer psychologiquement parce que souvent ce n’est pas simple (rires) ! Il y a souvent des meubles de famille. Et puis je dois savoir comment composer avec du mobilier nouveau. Ce que je trouve intéressant dans un intérieur de particulier c’est ce mélange des genres. Un intérieur fait entièrement dans un seul style, par exemple contemporain, ça n’a pas d’intérêt. Un style met l’autre en valeur. C’est ce décalage qui est intéressant et qui fait la richesse et le côté vivant du décor.

Comment trouvez-vous vos clients ?
Essentiellement par le réseau. Quand je me suis installée ici, je ne connaissais personne. C’était très kamikaze de ma part (rires) ! J’ai démarré mon activité en intégrant une coopérative d’activités, une SCOP élan créateur, qui accompagne des porteurs de projet, des entrepreneurs, pour tester leur activité et pour leur proposer un accompagnement sur des aspects très divers. C’est une problématique de démarrage d’activité, de prospection, de comptabilité aussi. Ça m’a permis d’avoir un premier réseau par ce biais là. Ensuite les liens fournisseurs, commerciaux et entreprises de travaux que j’ai construits ont étoffé ce réseau. Aujourd’hui je fais aussi partie de réseaux d’entrepreneurs.

Comment vous trouvent-ils alors ? En tapant quels mots clefs ?
« Architecte d’intérieur Rennes », « décorateur Rennes ». Je suis bien référencée, j’arrive en première page. J’ai refait mon site en 2012 que j’administre moi même. Mes visuels parlent de mon appétit des couleurs. Je ne fais pas d’intérieur blanc, neutre, épuré. Bon, la demande des particuliers c’est du neutre, pas du blanc, mais du neutre quand même. C’est extrêmement important de pouvoir utiliser ce pouvoir des couleurs dans nos intérieurs. Y’en a marre des espaces blancs, noirs et gris (rires) ! Après les goûts et les couleurs… Chacun voit. Mais l’impact du bleu par exemple, c’est que c’est une couleur calme. C’est une couleur reposante. Mais il a un pouvoir dans notre cerveau. Ce qui est génial c’est que maintenant les chercheurs et les neurologues travaillent avec les scanners et les IRM. On fait regarder des couleurs à des gens et on voit que le bleu fait travailler notre cerveau droit, le cerveau de la créativité. Donc pour des ingénieurs, ça tombe bien !
Le vert, c’est la référence à la nature. Mais il faut l’imaginer dans toutes ses déclinaisons de vert. C’est pas parce qu’on veut intégrer des éléments de la nature qu’on va forcément mettre du vert. Il faut s’en méfier. Le vert est la couleur de la concentration.
Si on regarde deux bouteilles, l’une de Coca et l’autre de Pepsi. Celle de Coca est rouge, celle de Pepsi bleue. On met les deux boissons à la même température. Tout le monde répondra que Pepsi est plus froid alors que pas du tout. Donc on va toujours ajouter énormément de glaçons dans le Coca pour que le liquide soit plus froid. Plus de glaçons et moins de boisson, et vendu au même prix (rires) ! Pour en savoir davantage, Jean-Gabriel Causse a rassemblé beaucoup d’études dans son livre passionnant « l’étonnant pouvoir des couleurs ».Donc tout ça, c’est très réfléchi et très pensé dans tout ce qui est objet, produit, marketing, communication sur le produit. Mais dans nos espaces intérieurs, c’est très important.

Propos recueills pas Hervé Devallan

Site de Nolwenn Kevell : 
www.nolwennkevell.com


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