Vortex raconte l’histoire d’un policier breton qui remonte le temps pour connaître la vérité sur la mort de sa première épouse. Le héros va être tenté de réécrire le cours de sa vie aux risques et périls de se confronter à des paradoxes imprévus.

Vortex est une série captivante. Le scénario tient la route malgré un casse-tête d’effets papillons insolubles. La réalisation est impeccable. Les acteurs formidables. On est immédiatement saisi par le rythme et le suspense d’une science-fiction toutefois trop proche de nous, puisque l’action se passe en 2025 grâce à une technologie qui n’existe pas encore ; qu’importe, l’ensemble tient la route, transmet plaisir et impatience aux belles imaginations grâce à une intrigue policière sur fond de voyage rétrograde dans le temps. Pour ne rien gâcher, l’action se passe en Bretagne, à la pointe nord du Finistère, entre Brest et Plouarzel.

Troublante coïncidence

La Coupe du monde 1998 est un triste souvenir pour Ludovic Béguin. Sa femme, Mélanie, est retrouvée morte au pied d’une falaise peu de temps après la finale. L’enquête conclut à un accident. Le temps passe. Nous sommes désormais en 2025. La police tire avantage d’une nouvelle technologie lui permettant de revisiter les scènes de crimes grâce à la réalité virtuelle. Ludovic (Tomer Sisley) devenu capitaine au commissariat de Brest est dépêché sur une plage où l’on a retrouvé un corps non-identifié. Or, c’est au même endroit que Mélanie avait été découverte ; coïncidence pour le moins troublante, d’autant qu’à la faveur d’une reconstitution des deux scènes de crimes par l’intermédiaire de lunettes virtuelles, une faille spatio-temporelle (le Vortex du titre) s’ouvre au bénéfice d’un contact avec son ex-femme. Mélanie est là. Devant lui. Onze jours avant sa mort. Remis de leur stupeur, les anciens époux reprennent l’enquête à vingt-cinq années de distance, espérant cette fois éviter le pire. Mais leurs efforts successifs vont générer une série de dommages collatéraux. En effet ! Toute interaction entre passé, présent et futur brise le « continuum espace-temps ».

Nouvelle technologie et rééducation discrète

Le tournage de Vortex représente une étape importante dans la fiction française, puisqu’il est le premier à utiliser à grande échelle la technologie des murs-LED ; un mécanisme d’effets spéciaux visant à remplacer les incrustations de post-production par des écrans géants qui affichent les décors en temps réel. Cette nouveauté permet aux acteurs de jouer sur un « véritable » fond incrusté de moult détails qui marquent la différence par rapport aux techniques plus anciennes. Ainsi, quand Ludovic et son ex-femme se retrouvent sur la page (elle au grand air et lui dans une salle de projection) seuls les cheveux de Mélanie sont impactés par le vent.

Outre cette innovation technique, notons la surprenante tentative de rééducation sociale du spectateur à travers l’éclectisme des métissages conjugaux surreprésentés pour une ville de province ; une telle mixité ethnique ne correspond nullement à celle de la Bretagne. On ne la retrouve que dans les mégalopoles, en particulier Marseille et Paris, nullement à la pointe extrême du Finistère. De fait, la mise en scène de certains plans ressemble davantage à une propagande gouvernementale pour le « vivre ensemble ». Manière de vendre l’image de la Bretagne pour un plat afghan mondialisé. Chacun jugera.

Lesquels ? Pourquoi ? Et comment ?

Au-delà de cette réserve « rééducative » et d’un scénario casse-tête – façon Inception ou Minority Report – dans lequel tous les anachronismes envisageables doivent être pris en compte afin de préserver la vraisemblance, la série conte une double histoire d’amour nourrie d’un dilemme essentiel : comment revenir sur le passé sans modifier le présent. Des sacrifices doivent inévitablement être consentis. Lesquels ?… Pourquoi ?…  Comment ?… Car ce sont bel et bien nos malheurs d’hier qui ont construit notre bonheur actuel. Une série captivante. Originale. Avec du dynamisme. De la finesse. Et le plaisir d’un Tomer Sisley au mieux d’une hardiesse mise en valeur par le jeu de Juliette Plumecocq-Mech dans le personnage revêche d’Agathe.

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Mars 2023 – Bretagne Actuelle & J.E.-V. Publishing

Vortex Une série franco-belge en six épisodes réalisée par Slimane-Baptiste Berhoun sur un scénario de Camille Couasse et Sarah Farkas. Avec Tomer Sisley, Camille Claris et Juliette Plumecocq-Mech. En Replay sur France Télévision et chez tous les fournisseurs d’accès.

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Films