Des boîtes à livres se disséminent dans les villes et les bourgades. Les amateurs de livres, pour la plupart, s'en réjouissent. Et on ne peut que saluer ceux qui en prennent l'initiative. C'est certainement une très bonne chose que de démocratiser la culture.


« En même temps », je m’interroge du coup sur la valeur du livre aujourd’hui pour qu’il puisse être mis à la disposition de tout un chacun gratuitement, qu’il puisse être pris, échangé ou gardé. Je m’étonne, dans le même sens, qu’il ne soit pas plus souvent volé. Je me dis que ce qui n’est pas volé a perdu au moins de sa valeur marchande. (Enfin certains sont volés, par des gens peu scrupuleux certes, pour être revendus, mais en un sens ça rassure!).
Je mets cela en lien avec un autre fait que j’ai observé à force de fréquenter régulièrement une trocante (mais je suppose que dans beaucoup d’autres c’est pareil, ou dans des vides-greniers etc. ) où les livres sont couramment vendus entre 20 centimes et 50 centimes d’euros.
A Dol de Bretagne, autre signe qui n’est pas plus rassurant : l’idée d’installer une boîte à livre est venue à la suite de la récupération de livres dans une poubelle. Il y a donc bien des gens pour qui les livres valent peu, au point qu’on ne se soucie même pas de les donner !
Il me semble alors qu’à partir de ces éléments, et bien d’autres qu’on pourrait évoquer encore, on puisse penser que généralement on accorde plus guère de valeur aux livres…

Un autre paradoxe :   les livres, neufs, sont considérés comme étant chers ! Avec un bémol pour les B.D. Lesquelles, au vu de leur qualité de fabrication, et le nombre d’illustrations, sont d’un prix tout à fait acceptable, contrairement aux romans…. Ils ne sont pas chers dans l’absolu, mais aujourd’hui ils le deviennent dans une culture du tout gratuit : les infos, la musique, les films etc. Ou si même on les compare aux produit électroniques, puisque, pour le même prix on a: soit, le dernier livre de Katherine Pancol, – je ne devrais pas paraître me moquer, j’ai déjà lu ses premiers livres… il y a longtemps, j’étais naïf et sentimental !- soit, le premier prix en aspirateur chez Electro-dépôt – mais je ne voudrais faire de pub ni pour l’un ni pour l’autre!-. 
Avec ce que j’ai émis comme réserve, disons, sur la gratuité de ces échanges autour des boîtes, et le prix du livre en librairie, je demeure quand même persuadé qu’il faut, pour accorder du prix et donc de la valeur aux livres, les payer. Le désir doit avoir un minimum de prix. Et le livre, c’est une économie : des auteurs qu’on rémunère au bout du compte assez peu, des éditeurs, des graphistes, des imprimeurs, des distributeurs et des libraires. Et chacun a sa fonction et sa compétence qui doivent être rétribuées à leur juste prix. Et il faut que ça vive. Que ça tourne pour que ça se renouvelle. 
Je suis assez favorable au coup de pouce que voudrait, paraît-il, donner notre Président, en octroyant un « pass culturel » de 500 € aux jeunes. Ça me paraît une bonne initiative, même si en Italie où ça existe, beaucoup de cette aide va aux jeux vidéo, et pire, certains ne s’en servent même pas ! Alors c’est encore plus grave, car c’est la culture qui est remise en cause. Et là c’est un autre débat…


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