La seconde guerre mondiale en France est un condensé de la nature humaine. Si la grande majorité est restée « neutre » (pro Pétain au début et Vive De Gaulle à l’arrivée), quelques minorités se sont engagées. Certains dans la Résistance, d’autres dans un combat contre le communisme en Russie. Et puis, une infime bande de salopards ont trahi, c’est-à-dire ont combattu d’autres français sur la terre de France. C’est le cas de ce Maurice Zeller qui, membre à part entière de la Gestapo a mis une certaine forme d’intelligence au service de l’occupant pour anéantir les maquisards. Les offrant aux balles des nazis. Le tout en Bretagne.

C’est l’histoire de cet homme que retrace Éric Rondel dans ce livre document.  Sur la base d’archives de son procès et de ses déclarations à la police après son arrestation en 1945, on suit ses exactions de massacres en massacres entre Saint Brieuc et Quimper. A la lecture du livre, on se demande comment un homme peut ainsi basculer dans l’horreur. Plutôt intelligent – il son bac en 1910 puis intègre Naval dans la foulée -, il finit la guerre de 14-18 comme capitaine dans l’Aero naval. Une première cassure se produit lorsqu’il est envoyé de l’armée pour addiction à l’opium. Il sombre alors dans les petits boulots et rebondit à la Radio pour devenir l’inventeur du théâtre radiodiffusé. Là encore, il disparaît soudainement des radars. La seconde guerre mondiale éclate et aucun corps d’armée ne veut de lui. Second choc. Qui lui tend les bras ? La Légion des Volontaires Français où il reprend du service comme capitaine sur le front russe. Les membres gelés, il revient au pays pour se mettre à la solde des allemands. Ah si l’armée française l’avait récupéré…  De là à penser que les aigris de tous les pays font de bons traîtres, il n’y a qu’un pas.

Hervé DEVALLAN

« Zeller, un des espions du IIIème Reich » de Éric Rondel aux éditions Astoure – 492 page – 22€