Le poète breton Gérard Le Gouic, déjà publié dans une quinzaine de langues, voit pour la première fois ses poèmes traduits en arabe. Un choix fait par un éditeur tunisien.
Gérard le Gouic est l’un des auteurs de référence de la poésie bretonne contemporaine. Récompensé par plusieurs prix littéraires (dont le prix Antonin-Artaud dès 1980 pour Géographie du fleuve), continue inlassablement à publier : nouvelles, récits (souvent autobiographiques) et, bien entendu, poèmes.
Le voici traduit aujourd’hui en arabe (édition bilingue) chez un éditeur tunisien qui possède déjà à son catalogue Michel Butor, Georges Schéhadé, Lorand Gaspar, Bernard noël, James Sacré… Autant dire que Gérard Le Gouic se retrouve aujourd’hui en bien belle compagnie.
Que découvrira un lecteur arabe en lisant le poète breton ? D’abord le parfum de notre pays avec ses « vagues d’un blanc net », ses « pèlerinages de pluie », ses mouettes, ses herbages, ses pommiers, ses chevaux, sans oublier le vent, la « blonde côte plate » ou « le cap osseux au loin ». Mais Gérard Le Gouic n’est pas là pour faire couleur locale ou se faire le chantre de la Bretagne éternelle. Ce qu’il chante, en réalité, c’est la poésie elle-même. « La poésie est le seul alcool/que je me donne à boire à tue-tête », écrivait-il déjà dans un de ses premiers recueils, A la fonte des blés (Grassin, 1960). « Je n’ai rien à faire/qu’écrire un poème » lit-on dans ses Poèmes choisis. « Une heure chaque jour pour la marche,/une heure pour la poésie ».
Un lecteur arabe notera aussi la brièveté des poèmes
Le Gouic s’arrime ainsi à son « bâton de solitude » et vit dans le compagnonnage d’amis ou parents disparus. « Chaque soir je salue ma mère/dan robe de mariée./Au fil du temps le cadre doré/se déforme/s’élargit comme sous l’effet/d’une chaleur qui ne brûle pas ».
Un lecteur arabe notera aussi la brièveté des poèmes. Ou plutôt leur épure. Guillevic n’est pas loin, jusqu’à ces courts textes aux allures d’aphorismes à l’image de cette suite impressionniste suscitée par la vision d’un pommier. « Quand un paysage/ n’est pas clos,// il manque un pommier/pour interrompre sa fuite ». Ou encore ceci : « Sans pommier une maison/ ne serait pas plus supportable// qu’un puits sans poules autour,/qu’une cheminée sans oiseaux ».
Ainsi va Gérard Le Gouic. Poète en quête, poète en marche. « Ne rien posséder que l’errance/ses parcours obsolètes,/ses bagages allégés, /ne rien détenir que les adresses/approximatives de l’auberge du vent/des motels de la pluie,… ». Oui, la poésie comme viatique.
Pierre TANGUY
Poèmes choisis, Gérard Le Gouic, bilingue français-arabe, éditions Tawbad, 10 euros.
Pour se procurer ce recueil, deux adresses : tawbad [email protected] et Gérard Le Gouic, Le Moustoir, 29140 Kernevel Rosporden.