Le roman se place dans une petite ville anonyme de Bretagne, non loin de la plage. Mais il pourrait se dérouler n’importe où en France, dans une de ces cités pavillonnaires tenues à distance de Paris et pourtant si attractives depuis le télétravail. Les parisiens y trouvent refuges et parfois le bonheur. Notre narrateur n’est pas breton, mais déjà plus un étranger. Il s’est adapté. Les 3 enfants y sont pour beaucoup qui permettent de croiser et parfois de discuter avec d’autres parents d’élèves. La relation s’installe en même temps que le tutoiement.

Pas de quoi faire un roman, si ce n’est le style de Franck Mignot qui distille sa vie ordinaire avec un tact et une distance délicate aux événements. Et puis, tout s’accélère et l’existence sans histoire devient une rupture consommée. L’imagination de l’auteur venant bousculer définitivement le train train quotidien. Les bobos bretons ont aussi droit à leurs faits divers sordides.

Ce premier roman au rythme faussement « mou » nous entraîne bien malgré nous dans les méandres intimes du narrateur. Non pas qu’on s’y reconnaisse, mais on se surprend à imaginer qu’un tel homme ait pu croiser notre quotidien. Alors méfions-nous d’une certaine mollesse qui l’espace d’une seconde se réveille pour mieux se rendormir. Il est alors trop tard.

Hervé DEVALLAN

« Mollesse » de Franck Mignot aux édition P.O.L – 138 pages – 17 €