Jacques Josse raconte son Stade Rennais à lui. Une passion héritée de son père, fervent supporter des Rouge et Noir. L’auteur rennais nous fait entrer dans l’imaginaire d’un club et de ses supporters. Mais il le fait dans « les marges », comme il l’a toujours fait dans ses livres en parlant des gens, de ce qui les fait vivre et vibrer.

« Il allumait le transistor à des heures précises ». Jacques Josse se souvient de son père à l’écoute des matches du multiplex football. « Il haussait le son quand des nouvelles arrivaient du Stade de la route de Lorient ». Les Josse vivent dans les Côtes d’Armor, près de Paimpol, et le Stade Rennais est à l’époque le club-phare de toute la Bretagne. Il le restera longtemps, même après la montée en gamme du Stade Brestois, de l’En-Avant de Guingamp ou du Football-Club de Lorient. « Une semaine avant de s’en aller, en février 2008, il écoutait encore le multiplex endiablé du samedi soir à la radio », ajoute l’auteur parlant de son père.

Racontant tout cela, Jacques Josse nous dit ce que l’on doit à nos pères. Quelque chose, dans le cas présent, qui peut relever du futile, mais qui ne l’est pas du tout en réalité. Le poète et philosophe suisse Georges Haldas a ainsi raconté dans un livre touchant (La légende du football, éditions L’Age d’homme) ce qu’il devait à son père, supporter du Servette de Genève,  qui l’attirait avec lui au stade, lui faisant ainsi découvrir des horizons insoupçonnés. Jacques Josse, aussi, a vécu aussi une telle expérience,  mais par procuration (car le match n’était vécu qu’à distance). Mais il a vite saisi ce qui pouvait agiter les hommes, ce que pouvaient signifier les passions humaines.

Jacques Josse regardera toujours le Stade Rennais en pensant à son père. Mais sans jamais aller dans les tribunes, s’enflammant plutôt à distance, se contentant de rester sur les bords de la Vilaine (qui jouxte le stade) pour écouter, par exemple la rumeur du Roazhon Park lors d’un match de Ligue Europa contre le Celtic de Glasgow. L’auteur rennais raconte avoir toujours aimé « rôder autour des stades ». Il l’a même fait à Prague autour de celui de Dukla de Prague, mais en pensant au poète tchèque Jiri Kolar qui, lui, soutenait le Slavia de Prague.

Le Stade Rennais, Jacques Josse le voit à la télé, comme lors de la mémorable finale de Coupe de France, le 27 avril 2019. Certes, il est allé humer l’ambiance sur l’esplanade de la ville où le match était retransmis sur écran géant, mais il a préféré suive cela à la télé dans son appartement. « L’effervescence qui règne en ville m’a titillé les neurones, raconte-t-il, je le sens aux tremblements qui s’emparent de ma main droite ». Après la victoire, c’est le coup d’œil sur le bistrot d’en bas, Le Bardac,« les gens sont aux anges, crient et applaudissent chaque fois que passent les bagnoles ».  Son récit est ainsi truffé de scènes particulièrement bien senties. Toujours à l’affût, Jacques Josse a, par exemple, repéré ces supporters inconditionnels des Rouge et Noir, Régis et Vladimir, dont il aime suivre « le manège » dans un bar du centre-ville de Rennes.

Les fins connaisseurs de l’histoire du Stade Rennais retrouveront aussi les figures de ceux qui ont fait les grandes heures du club : le « virevoltant » Ivoirien Laurent Pokou, l’entraîneur emblématique Jean Prouff dont une statue a été installée « dans la tribune Super U » du stade. Et déjà se profilent de nouvelles gloires, comme ce jeune Eduardo Cavaminga qui joua son premier match chez les pros à l’âge de 16 ans.

Puis Jacques Josse, pour conclure, revient au père et à son héritage. « Je marche pas à pas sur la route vagabonde où se sont jadis posés ses semelles rêveuses en bifurquant fréquemment vers des chemins de traverse qui me mènent sur les traces de son ancien club fétiche ».  Et que vivent à jamais les Rouge et Noir !

Pierre TANGUY

Des escapades rouge et noir, Jacques Josse, Médiapop éditions, 2022, 65 pages, 9 euros

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