Et…  Ellis Peters inventa frère Cadfael HermineHermineHermineHermine

Edith Pargeter est l’une des romancières les plus célèbres du Royaume-Uni, mais elle est surtout connue pour avoir publié, sous le pseudonyme d'Ellis Peters, les aventures du Frère Cadfael, une série de romans policiers historiques se déroulant au Moyen Âge.

L’image du lecteur breton à propos du roman policier britannique est fort parcellaire. Il existe moult auteurs reconnus et célébrés outre-Manche, appréciés à la fois du public et de la critique, parfaitement inconnus chez nous. C’est notamment le cas d’Ellis Peters, faites Officier de l’Empire britannique par sa Majesté le reine Elisabeth II, eut égard aux quelques quatre-vingt livres qu’elle aura écrits, parmi lesquels la fameuse série de Frère Cadfael.

Genèse d’une romancière

Ellis Peter est le pseudonyme d’Edith Mary Pargeter, née le 28 septembre 1913 dans le Shropshire. Après des études à Oxford, elle travaille comme vendeuse dans une pharmacie de Dawley entre 1933 et 1940, période durant laquelle elle commence à écrire puis fait paraître sous son véritable nom, en 1936, ses deux premiers romans (à ce jour non traduits en français) : Hortensius, Friend of Nero et Iron-Bond. 1940. La guerre fait rage, elle s’engage dans le Women’s Royal Navy Service et reçoit la British Empire Ledal. Edith, qui n’est toujours pas devenue Ellis, ne cesse toutefois d’écrire puisque en 1941 parait Ordinary people, et l’année suivante She Goes to War.

C’est à partir de 1951 qu’elle s’essaie pour la première fois à l’intrigue policière avec Fallen into the Pit (Pris au piège), dans lequel sont mis en scène l’inspecteur George Felse et le jeune Dominic alors âgé de treize ans, un père et un fils auxquels s’ajoute l’épouse du premier et mère du second, une certaine Bernarda, dite Bunty, ancienne concertiste qui viendra les seconder. La charmante famille sera réunie jusqu’en 1979 pour une série d’histoires situées dans une petite ville fictive de province, Comerford, presque un village d’où la romancière conquiert ses galons de reine du crime à l’anglaise.

Naissance d’un détective

Les aventures de la famille Felse se poursuivent au fil de treize romans. Nous sommes maintenant en 1977, Ellis Peters publie le premier tome des enquêtes de Cadfael, A Morbid Taste for Bones (Trafic de reliques), une intrigue située au pays de Galle autour des reliques de Sainte Winifred, décapitée par un prince Gallois païen, mais étonnement rendue à la vie une fois la tête reposée sur son corps. S’agit-il d’un miracle ou d’une supercherie ?  C’est alors qu’intervient Cadfael, Gallois d’une cinquantaine d’années, petit et trapu, il assure la fonction très recherchée d’herboriste à l’abbaye Bénédicte Saint-Pierre de Shrewsbury, village non loin de Birmingham ; ancien héros de croisade, Cadfael termine sa vie dans le jardin du monastère, cultivant fleurs et plantes afin de soigner malades et infirmes. Trafic de reliques s’inspire d’un fait divers réel. Le livre se vent très bien. Ellis Peter récidive avec One Corpse too Many (Un cadavre de trop) ; nous sommes cette fois pendant l’été 1138, en pleine guerre civile pour la conquête de la couronne d’Angleterre, convoité à la fois par l’impératrice Mathilde et le roi Étienne. Les membres de garnison de la citadelle de Shrewsbury, fidèle à l’impératrice, sont exécutés après la prise de la forteresse par les troupes d’Étienne, et les moines de l’abbaye sont chargés des funérailles. En préparant les corps, ils dégotent un cadavre de trop.

Découverte de l’Heptarchie

Dix-neuf romans se sont ajoutés depuis 1977 à la saga de Frère Cadfael, sans que jamais la série n’accuse le moindre fléchissement ni le plus petit essoufflement. Chacune des histoires est une narration policière de première qualité ; leur ensemble constitue une illustration de l’Angleterre du XIIe siècle, de sa religion, ses structures sociales, sa culture, sa politique et de son mode de vie. C’est, en fait, une découverte de l’Heptarchie que propose Ellis Peters. De quoi diable ! relève ce mot barbare ? Il s’agit du nom collectif donné à sept des royaumes fondés durant le haut Moyen Âge par ceux qui deviendront les Anglais. C’est à dire les couronnes d’Essex, d’Est-Anglie, du Kent, de la Mercie, de la Northumbrie, du Sussex et du Wessex. L’Heptarchie précède la formation d’un État unique au début du Xe siècle : le royaume d’Angleterre. Ajoutons la qualité des intrigues policières soigneusement agencées, également la justesse des reconstitutions historiques jamais écrasantes ou ennuyeuses, ainsi que la manière dont l’auteur a su approfondir et développer son univers romanesque. Tous ces ingrédients on fait et font encore le formidable succès public de Frère Cadfael. Triomphe décuplé à partir de 1984, lors de la publication des romans en poche aux éditions 10/18. A découvrir. Impérativement.

 Jérôme ENEZ-VRIAD
© Mars 2023 – Bretagne Actuelle & J.E.-V. Publishing

Tous les livres de la série Frère Cadfael sont édités en poche aux éditions 10/18.

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