CARTHAGO, une bande dessinée consacrée aux abysses et à la mer HermineHermineHermine

Une partie infime des abysses nous est connue. Tout reste encore à découvrir de leurs multiples espèces et fonctionnement divers. L’homme doit-il poursuivre ses explorations ou respecter les mystères des profondeurs ? La bande dessinée Carthago tente d’y répondre sous forme d’une anticipation au long cours.

La mer est trop grande pour l’homme. Seule une infime partie des profondeurs océanes est accessible, à tel point que les limites du système solaire nous sont mieux connues ; en émane quantité d’incertitudes qui fascinent depuis la nuit des temps. Qu’en est-il véritablement des profondeurs où la pression est équivalente au poids d’un éléphant sur un timbre-poste… où la lumière est inexistante et les nourritures presque absentes… où demain l’humanité découvrira peut-être l’impensable ?…

Abyssus abyssum invocat

Les océans couvrent 75% de la surface terrestre, et les abysses – du grec abyssos : sans fond – en constituent plus des trois quarts. Il s’agit de zones océaniques où la lumière solaire ne pénètre jamais ; elles se trouvent entre -3.000 et -6.000 mètres de profondeur et leur point de chute maximal (endroit le plus encaissé de la planète connu à ce jour) atteint -10.912 mètres, il est situé dans la fosse des Mariannes, à l’Est des Philippines, entre le Japon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. La zone hadale (du dieu grec Hadès, maître des Enfers) est si difficile d’accès que la plupart des espèces qui y vivent nous sont inconnues, jusqu’à ce qu’une jeune océanographe, Kim Melville, y découvre l’impensable dans un dédale de grottes sous-marines. Ainsi débutent les aventures de Carthago, du nom de la multinationale propriétaire de la plateforme gazière investigatrice.

Tout commence lors d’un forage, des scaphandriers sont attaqués par un fossile vivant, le célèbre et mythique mégalodon, ancêtre du grand requin blanc. L’existence de cette machine à tuer de vingt-cinq mètres censée avoir disparu depuis quatre millions d’années semble improbable. Et pourtant ! Le plus grand prédateur des océans qu’ait jamais connu la planète a bel et bien survécu à l’extinction. L’histoire se profile… Elle s’étoffe… S’allonge en plusieurs cycles… En résulte un mixte entre la série X-Files pour l’intrigue, le film Abyss renvoie aux décors, et Les Dents de la Mer de Spielberg pourrait faire écho à la frayeur dégagée par certaines planches.

Un sujet novateur et passionnant

Carthago se lit pour ce qu’il est : un sympathique agrément sans autre ambition que de distraire le lecteur. La trame est bien construite, le dessin agréable et la mise en couleurs appropriée ; somme toute rien d’extraordinaire nonobstant une belle réussite visuelle et scénaristique. On regrettera la fluidité mise à mal par de nombreux retours vers des époques antérieures ; si le flash-back fonctionne au cinéma et en littérature, l’effet est moins probant dans une bande dessinée. Notons toutefois l’intérêt du sujet, à la fois peu banal, novateur et passionnant, d’autant qu’il est une porte ouverte sur la cryptozoologie, cette étrange « science » fort peu médiatisée concernant la recherche des animaux cachés : yeti, monstre du Loch Ness…, ou de ceux supposés disparus : dodo, mégalodon…

Une agréable distraction

Les quatorze tomes de Carthago s’enchainent au fil de quatre cycle distincts dans lesquels l’on retrouve une récurrence de personnages côtoyant de nouvelles têtes le temps d’un ou plusieurs épisodes. Certaine références sont réelles, tels les monolithes sous-marins de Yonaguni : une île engloutie abritant des vestiges architecturaux sujets à moult débats scientifiques, d’autres clins d’œil relèvent davantage d’inventions caricaturales ; pour autant, l’ensemble nourrit un véritable suspense proche du thriller écologique, parfois spectaculaire, parfois efficace – rarement les deux à la fois – et puis, insistons, c’est superbement mis en images, le trait est fin… lumineux… détaillé… Bref ! Carthago est une heureuse découverte pour qui ne demande pas davantage qu’un agréable moment de lecture.

Jérôme E?EZ-VRIAD
© Décembre 2022 – Bretagne Actuelle & J.E.-V.

Merci à Salvador Siguero Fernandez & Julien Simon pour la documentation.

Carthago – Courbée, je me redresse (tome 14), une bande dessinée de Christophe Bec (auteur) & Ennio Bufi (dessinateur) aux éditions Les Humanoïdes Associés – 56 pages 24x32cm – 15,50€

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