Ainsi Sentinelle de Marie-Josée Christien, la poète de Cornouaille et de toutes les Bretagnes et ses cinq collages colorés qui renvoient à Breton ou Prévert et aux images emboîtées, symbolistes, plus illustratives que ne sont les poèmes.

La poète promène son souffle court, partout, d’Arrée en Arrée, de Menez-Du en Montagnes noires, du gravier des grèves au vide du ciel.

Marie-Josée Christien est une figure forte de la poésie bretonne. Quimpéroise du Frugy et Carhaisienne créatrice de la revue annuelle Spered-Gouez ou, elle est tellement multiple, lauréate du Prix Xavier Grall, la poète nous donne à relire ses mots. Ses mots sentinelles.

Mots si courts qui courent entre silence et silence. Dans l’infra-ligne de l’infra-souffle. On pense à Guillevic, on pense à Jaccottet récemment disparu, je pense à la poète Marie-Josée Christien, harmonie accidentelle, qui écrit entre solitude et silence.

Là qu’est sa résidence. Au pied des Tour-tan, les phares qu’elle défie comme la mer et qui ne rompent point, puisqu’ils sont là pour ça. L’invariable totem, là pour dominer d’un doigt vertical l’océan de toutes les toutes-puissances et de toutes les menaces. Il n’y a pas de répit au pied des phares. L’irrépit est l’intranquillité de la poète bretonne. Marie-Josée Christien suit les vagues par le haut. Par moment, à la crête est son souffle. Il électrise le lecteur, l’enrobe d’un halo sensuel, le féminise. Pour d’autres raisons, le souffle reste court et l’instant infini :

Un éclat cristallin
bondit
de vague en vague
et y disparaît
dans la blancheur
du delta odorant.

Marie-Josée Christien écrit au bord du naufrage. Pas un de ses mots n’y précipitent et tous ses mots en sont hantés.
La poète nous aide à nous tenir en vie.

C’est le grand souffle, même s’il est court, j’insiste, de la poésie christienne !

à l’abri
aux limites
de soi-même.

Gilles CERVERA

Sentinelle de Marie-Josée Christien aux éditions Sauvages, collection Phénix, 12€