La réédition du second disque de Kristen Noguès redonne un peu de lumière à la harpiste bretonne. De la même génération qu’Alan Stivell, elle fut pourtant moins éblouie par les feux de la rampe.
Leurs épreuves initiatiques restent cependant étrangement parallèles. Née hors Bretagne (à Versailles en l’occurrence), de parents britophones, elle apprend les bases de la harpe celtique chez Denise Magevand à Paris. Là même où Alain Cochevelou fit ses premiers pas. Kristen Noguès alla également parfaire son breton dans des camps d’été de culture bretonne. Un véritable parcours combattant qui fit naître une génération militante et engagée au début des années 70. On parle bien sûr d’Alan Stivell, Gilles Servat, Tri Yann… Quatre ans après le célèbre live à L’Olympia d’Alan Stivell, Kristen Noguès sort en 1976 ce fabuleux « Marc’h gouez » (cheval sauvage) qui donne à la harpe celtique d’autres lettres de noblesse. Entourée de quelques violons, flûtes et guitares acoustiques, elle emmène sa harpe sur d’autres contrées escarpées. Entre chanson et tradition, mais toujours sur la base de ses propres compositions, texte comme musique.
En 2023, Souffle Continue (plutôt orienté musique expérimentale par ailleurs) opère son travail de mémoire en rééditant de superbe manière ce disque pratiquement introuvable. Car au-delà du témoignage, l’album contient un magnifique livret format 33t. Aux vues des ventes en Angleterre, Kristen Noguès (aujourd’hui décédée) devrait continuer à séduire au-delà de nos frontières.
Hervé DEVALLAN
Kristen Noguès « Marc’h gouez » (Souffle Continu)
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