« J’ai rencontré la Bretagne » de Benjamin Keltz HermineHermine

Aller sur le terrain : la vérité de tous journalistes. C’est ce que Benjamin Keltz a fait en parcourant notre Bretagne à la rencontre de ses habitants. Mais paradoxalement, sans visiter un seul breton !

« J’ai rencontré la Bretagne », un titre engageant, où les promesses se bousculent. Il est vrai que le pitch est alléchant : un journaliste part à la rencontre des bretons, chez eux, sans autre intention que de partager un moment privilégié, voler un instant entre deux rayons de soleil. On se dit que certaines vérités vont enfin sortir. Sorte de reporter au cœur des Gilets Jaunes avant l’heure ; voire des foulards rouges, quand ce n’est pas des bonnets…

Et puis, on tombe de haut. Notre reporter croise bien tout un tas de personne dans des coins de  Bretagne aussi typiques, reculés, que pittoresques : un café de gare, le TER Rennes-Saint Malo, la stade du Roudourou, le port de pèche de Lorient, le tramway de Brest, le marché de la place des Lices à Rennes, l’île d’Ouessant… Autant de lieux qui prennent vie à travers des rencontres spontanées, désintéressées, qui se donnent le temps de raconter un quotidien qu’on espère toujours extraordinaire et qui révèle d’une banalité déconcertante. Et c’est là que le bas blesse. Ces gens ordinaires sont heureux : ils n’ont pas d’histoire. Ou plus exactement, leur vie ressemble à la nôtre, à la vôtre. Et n’ont rien d’exotique… Ni de breton ! Chaque histoire pourrait se passer n’importe où en France.  Les jeux de carte entre habitués du TER Rennes-Saint Malo, sont les même que celui du Houdan-Paris. Le marché des Lices ressemble à s’y méprendre à celui de la Place d’Aligre dans le 12e arrondissement parisien. Etc. Mais où est passé la Bretagne dans ce livre ? Benjamin Keltz a donc compilé ses articles parus dans le magazine Breton et peine à trouver un second souffle à ses histoires qui s’enchaînent sans que l’on rencontre de bretons. Des retraités, des femmes de ménages, des cadres, des étudiants des curés, des ouvriers, des paysans… Oui ! Mais pas l’ombre d’un breton ! Assez curieux pour un homme (et son photographe) qui a sillonné notre pays pendant des mois. Ou la faute à pas de chance ? A moins qu’on idéalise nos 5 département, ce qui est toujours possible.

Hervé DEVALLAN
« J’ai rencontré la Bretagne » de Benjamin Keltz aux éditions du Coin de la Rue, 310 pages, 19.90€

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Essai