Elle croit aux anges et leur fait une vraie déclaration d’amour. La Bretonne Gaële de La Brosse, connue notamment pour ses écrits sur le Tro Breiz et les pèlerinages, nous entraîne entre Ciel et Terre à la découverte de ces « messagers » qui apportent, dit-elle, « une touche de poésie céleste dans notre monde trop cartésien ».

Croire en l’existence des anges. Ou, pour le moins en parler comme s’ils existaient. Est-ce bien raisonnable ? Et pourtant, ils sont nombreux tous ces artistes, écrivains ou poètes qui ont parlé des anges dans leurs œuvres, de Rilke à Dali en passant par Alfred de Vigny et Jean Cocteau. De tous ces auteurs, Gaële de La Brosse en parle dans le petit livre très documenté qu’elle publie aujourd’hui. Car il y a, ici, à la fois le regard d’une chrétienne sur les anges auxquels elle croit et celui d’une véritable entomologiste d’existences qualifiées de surnaturelles (échappant donc à la raison).

Gaële de La Brosse nous dit tout des anges, des archanges, des séraphins ou des chérubins (car il y a une hiérarchie céleste comme dans la vie terrestre). Elle évoque saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël, les plus célèbres d’entre eux. Selon elle, les anges sont des « médiateurs ». Elle parle même de « chargés de mission ». En clair, ils forment « un trait d’union entre le Ciel et la Terre, entre la matière humaine et l’esprit divin ». Mieux : les anges nous protègent. Ce sont nos fameux anges gardiens. Mais tout le monde en a-t-il un ? La théologie dogmatique a tranché, souligne l’autrice, affirmant que « à chaque fidèle de l’Eglise, un ange gardien est attaché depuis son baptême. Et on admet généralement que les infidèles ont un ange attaché à eux à la naissance ».

Pour autant, Gaële de La Brosse est bien loin, ici, de faire œuvre de prosélyte ou de dévote. Elle a assez de recul pour parler des anges dans un langage qui peut convenir à tous. En quelque sorte, elle « dépoussière » l’angelo-historiographie.  Et surtout elle ne manque pas de rappeler, dogme ou pas, que les anges nous environnent (qu’on le veuille ou non). Toutes les expressions courantes qui donnent aux anges une certaine visibilité sont là, dit-elle,  pour le prouver : « Etre aux anges », « Un ange passe », « une visage d’anges », et, bien entendu, « le sexe des anges » car cela mérite aussi qu’on s’y attarde.

En signant ce livre, Gaële de La Brosse veut surtout souligner que les anges sont des « compagnons de route », des « guides », des émissaires venus de l’au-delà. « Le chant des anges (…)  n’est-il pas cette musique intérieure ? », interroge-t-elle dans cette très belle formule. Profondément attachée à sa Bretagne natale, elle truffe son essai d’allusions aux anges qui font corps avec notre pays : l’ange trompettiste de l’église de Loperhet, les anges de l’église de Landerneau poussant de leurs ailes vers l’Armorique l’embarcation de saint Houardon venant d’Outre-Manche, l’ange sculpté sur l’ossuaire de Brasparts proférant son « Réveillez-vous ! » face à l’Ankou qui s’écrit « Je vous tue tous ». Ce qui fait dire à Gaële de La Brosse que « les anges descendent parfois sur terre pour nous réveiller ». Merci à eux.

Pierre TANGUY

Petite déclaration d’amour aux anges, nos compagnons de route, Gaële de la Brosse, Suzac éditions, 112 pages, 12 euros.

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