Précurseur du trip-hop comme leurs confrères de Massive Attack ou Portishead, le collectif britannique Archive a évolué vers un rock à la fois mélancolique, majestueux, tortueux, devenant même (brièvement) numéro 1 des ventes en France en 2009. Pour leurs 25 ans, ils ont sorti au printemps la compilation 25. Ils ont inauguré leur tournée dans l’Hexagone jusqu’à fin novembre par trois dates très suivies et appréciées en Bretagne (Brest, Rennes et Lanester). Dave Pen, l’un des chanteurs du groupe, membre aussi de BirdPen, et qui a enregistré avec le guitariste Robin Foster à Lorient et Camaret (pour le projet We Are Bodies), réponde à Bretagne Actuelle.

Comment décririez-vous en un mot la musique d’Archive pour quelqu’un qui ne vous aurait jamais écouté ?
Dave Pen : En un mot… Une friandise ? Un voyage ? J’ai besoin de plus de mots. Disons que dans la musique d’Archive, il y a un peu ce côté assumé Alice aux Pays des Merveilles. Vous savez, cette métaphore du lapin qui entre dans son terrier et découvre un monde magique et merveilleux. Voilà ce qu’est pour moi ou du moins ce que voudrais qu’inspire la musique d’Archive.

Vous avez fait partie et vous faîtes toujours partie du groupe BirdPen, tout en étant aussi membre d’Archive que vous avez rejoint en 1999. Est-ce que vous connaissez beaucoup de groupes qui ont une histoire aussi « compliquée » qu’Archive qui existe depuis 1994 et compte une quinzaine de membres ou d’anciens membres ?
Dave Pen : Plein ! L’histoire du rock foisonne de formations qui ont évolué en fonction des drogues, de l’alcool, de l’arrivée d’enfants. Plus qu’un groupe, Archive est un collectif à géométrie variable. Il y a, ou il y a eu des chanteurs (Craig Walker, Dave Penney alias David Pen, Pollard Berrier), des chanteuses (Roya Arab, Suzanne Wooder, Maria Q, Holly Martin) et des rappeurs (Rosko John) qui vont et viennent. Comme dans un grand melting-pot. Entre nous, il n’y a pas de vrais rituels. Nous essayons d’être bons amis, de faire les choses sérieusement tout en s’amusant et surtout d’apprécier la vie. Le seul truc, c’est une bonne poignée de mains avant de monter sur scène et de jouer live. Même si le groupe a un certain succès, nous avons gardé une mentalité un peu underground. Comme un gang.

Vous êtes en France pour une série de concerts. Vous avez même été numéro 1 des ventes ici avec l’album Controlling Crowds. Avez-vous une explication par rapport à votre « love affair » avec le public français ?
Dave Pen : Je pense qu’il y a dans notre musique à la fois de la romance, du drame et beaucoup de passion. Et c’est tout ce qui plaît aux Français, non ?

Quand j’évoque Archive, autour de moi, le premier mot qui surgit, c’est celui de mélancolie. Est-ce qu’il fait partie de l’ADN du groupe ? Seriez-vous des gens tristes ?
Dave Pen : Oui, il y a de la mélancolie dans notre musique, et parfois une forme de tristesse mais aussi, je pense, beaucoup d’énergie, de la colère, de la frustration aussi. Nous essayons de toucher les gens, de créer des émotions. Et parfois, souvent même, nous faisons appel à nos propres émotions. Depuis que le groupe existe, 25 ans déjà, la vie nous a vu changer. Certains d’entre nous sont devenus parents, nous avons des enfants. Cela impacte forcément notre musique, notre façon de voir les choses, la vie, notre regard sur le monde. Mais je ne crois pas que nous soyons des gens tristes. Au contraire. Et il n’y pas non plus de nostalgie par rapport à nos jeunes années, notre adolescence. Du moins, pas pour moi.

Comment travaillez-vous ? Utilisez-vous Internet ou vous voyez-vous pour composer au cours de jam sessions ?
Dave Pen : Chacun d’entre nous travaille sur d’autres projets, et vit dans différents endroits. Donc, on se voit assez rarement. Nous utilisons peu Internet car c’est difficile de transmettre une émotion à distance. La plupart du temps, nous formons des paires. Par exemple, je vais travailler avec Darius (Keeler, l’un des deux fondateurs d’Archive) sur une idée précise que l’on va développer le plus loin possible et enregistrer si cela donne quelque chose d’intéressant. C’est très rare, et même cela n’arrive jamais que les cinq membres actuels du groupe travaillent tous ensemble. Par contre, Darius ou Danny (Griffiths, l’autre membre fondateur d’Archive) sont toujours impliqués à une étape ou une autre de la composition ou de l’enregistrement. Je pense qu’il n’y aucune frustration puisque nous avons tous la possibilité de travailler sur nos idées avec d’autres groupes ou sur des projets parallèles.

Comment décidez-vous qui va chanter quoi ?
Dave Pen : C’est assez simple. Je chante généralement sur le matériel que j’ai composé, et je travaille beaucoup avec Darius. De son côté, Danny collabore plus souvent avec les filles (Maria Q, Holly Martin).

Le collectif Archive a fêté cette année ses 25 ans d’existence avec la sortie de la compilation 25. Qu’est-ce qui arrive ensuite ?
Dave Pen : Nous sommes en plein milieu de l’enregistrement d’un nouveau disque dans un tout nouveau studio à Londres.

Et vous courez toujours autant (Dave a participé à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en 2017) ?
Dave Pen : Non, j’avoue, pas autant qu’avant. Il faut croire que je commence à sentir que je me rapproche de ma propre fin, et puis j’ai aussi des enfants. Ça occupe. Mais j’aime toujours courir sur de longues distances pour me laver la tête et chasser le stress.

Propos recueillis par Frédérick RAPILLY (octobre 2019)
Archive « 25 » (Pias)

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