Un poète de Bretagne. Un poète du silence, peut-être un poète de la prière, sans alourdir la connotation ni en préchi ni en précha.
Un livre de Marc Baron, est-ce un livre ? Plutôt une douleur et une douceur, plutôt une loupiote de l’âme, plutôt une parole qui aurait pu rester secrète. Ses mots voguent lentement, flottent dans l’air, s’approprient au jour le jour les jours qui meurent et ceux qui naissent, les gens aussi dont la silhouette plus que la personne rapproche l’horizon.
C’est peut-être moi la nuit
ma propre nuit qui descend
sur la terre comme au ciel
Les mots de Marc Baron font du bien, ce sont des sortes de sédatifs qui auraient pu être écrits aux siècles d’avant, parfois trop tenus, lâchez-vous Marc Baron, parfois libérés, Y-a-t-il quelqu’un qui m’ait vu ? Pensons que ces mots-là pourront arranger en cas de coup dur, panne de courant ou pire, manque d’air.
Que lire en ce bas monde
Qui puisse nous élever encore ?
Marc Baron cherche et parfois trouve parmi ce qui a été depuis un millénaire charroyé, labouré, semé, il reprend l’ouvrage chaque jour et la nuit aussi. Il est à lire comme une vitrine sans objets, comme une ville remplie d’âmes, comme un rêve dont il reste le doute de l’avoir fait :
Je n’aime pas ce qui finit
ce qui tombe dans l’oubli
les magasins qui ferment.
Le ferment de Marc Baron donne à goûter une mie discrète, des miettes, des secondes, le minuscule abri des doigts. Toute chose est vécue comme une première fois. L’innocence poétique peut toucher au désuet, l’oiseau parfois s’électrocute, la poésie s’en fout, elle est libre. L’humanité qui se présente ici mériterait de recouvrir la terre et d’entrer sans frapper, tous les jours, chaque jour chaque porte de chaque appartement :
Un premier jour immense invraisemblable.
Marc Baron, un poète du monde !
Marc Baron, Dans le chemin qui s’ouvre, 129 pages, éditions Vagamundo 18€
