Poète et homme de scène originaire de Fouesnant, Louis Bertholom publie aux éditions Sauvages son dernier recueil Mordre le monde, livre de voyages, lesquels nous mènent de la pointe de Mousterlin à l’Afrique, entre mélancolie et euphorie, dans la partition de l’herbe et du temps. Une vraie réussite – mieux, une merveille sensible. 


Ces mots écrits noir sur blanc, et qui flotteront longtemps dans notre tête, sans doute les rêvions-nous déjà, dans ce jardin de la mer / aux blancs pétales de mai / de vergers qui frémissent / dans l’évangéliaire des vents. Mots nus et frêles, ces taches de lumière rêche sur la tiédeur opaque de la page offerte.

Ils viennent nous assiéger et nous conquérir, semant sur leur passage ce goût mêlé de frisson et de chagrin, de joie haute et de morsure.

On va d’un poème l’autre, et l’on demeure étonné, au sens ancien et fort du terme – frappé par le tonnerre – de cette mise à nu, violente et fervente, simple néanmoins, dans la transhumance oblique des images. On s’éloigne enfin, brûlé et heureux à la fois, comme interloqué de ces lignes drues et nettes, sur la frange de l’enchantement, sur les routes de bruyère et de sommeil. Et sachant, désormais, que si les mots sont de sable – poreux et friables – ils sont aussi de souffle ardent et savent jaillir de la médiocratie ambiante, / secouer cette écuelle / de soupe formatée / après [qu’on y a] versé les épices/ de la révolte et de l’indignation.

On pense alors à l’Henri Michaux de L’espace du dedans – ses phrases venues d’autres lieux, d’autres temps sous d’autres ciels lourds et sourds : «  Je vous écris du bout du monde. Il faut que vous le sachiez […] Nous vivons toutes ici la gorge serrée».

Un livre comme un cri, un fleuve puissant, une route devant soi.



Editions Sauvages, avril 2012. Publié avec le soutien de la DRAC-Bretagne et de la région Bretagne

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