Le livre du professeur Bardet est vital à plus d’un titre. Vital et extrêmement dérangeant pour la bonne santé de notre démocratie puisque c'est la première fois qu'un débat contradictoire est apporté au « scandale » Médiator.
Il faut reconnaître que jusqu’à aujourd’hui, médias, politiques et professionnels de la santé semblent tous étrangement d’accord pour condamner Les Laboratoires Servier. S’ils sont coupables – la justice tranchera – ce qu’il est surprenant de noter ici, c’est l’anathème univoque jeté sur le dossier. Personne, à commencer par les journalistes dont c’est a priori le métier, ne s’est étonné d’une absence de fausse note. La partition aurait-elle été trop bien jouée ?
C’est un médecin cardiologue, ancien député UMP du Val d’Oise, membre « volontaire » de la mission d’information de l’Assemblée Nationale sur le Mediator qui a fait le boulot : fouiner, interroger, s’interroger, s’étonner, s’offusquer, comparer… S’il a commencé par se pencher sur le livre du Docteur Frachon « Mediator 150 mg, combien de morts ? », il a également été un député très actif lors des auditions et un lecteur attentif et scrupuleux des différents rapports dont celui de l’inspection Générale des Affaires Sociale (IGAS). Bien placé pour parler du sujet, il effectue aujourd’hui un véritable travail de journaliste engagé à travers son livre « L’affaire Mediator, un devoir de vérité ». Dommage (sic) cependant, que ce soit un homme du sérail (médecin, député…) qui – se –pose des questions. Notre fameux quatrième pouvoir – les médias – s’étant bien gardé de jouer ce rôle de poil à gratter. Osons une diversion en se demandant si le business model des TV, radios et autres journaux reposant sur les subventions et la pub pouvait expliquer cet étrange attentisme…
En revanche comme tout bon journaliste stagiaire, le professeur Bardet vérifie et recoupe l’information, rencontre logiquement les protagonistes, les experts, les confrères médecins… Ah les confrères ! Et de livrer ses interrogations loin de toute théorie du complot : d’où sort ce chiffre de 2000 morts ? Pourquoi le rapport de l’IGAS a-t-il été rédigé sans jamais rencontrer un membre de chez Servier ? Pourquoi certaines de ses questions dans le cadre de la mission « Mediator » restent toujours sans réponse ? Et si depuis l’affaire du sang contaminé, il n’est pas étonnant de constater que les politiques (l’Exécutif essentiellement) hurlent avec les loups, il se demande aussi à qui profite le crime. Depuis la sortie du livre de Madame Frachon, on se demande aussi.
Le procès « Mediator » devrait avoir lieu en 2015. Avec quelles vérités à la clef ?
L’affaire Mediator, un devoir de vérité par le professeur Jean Bardet aux éditions Questions D’Actu – 180 p, 19€
