Les poèmes racontent-ils des histoires ? Oui, à coup sûr, sous la plume d’Yvon Le Men. Surtout quand ces poèmes parlent de l’enfance et racontent des aventures familières. Le poète breton s’associe pour le dire au grand dessinateur italien Simone Massi.

Courir à perdre haleine sur la plage, jeter des bouteilles à la mer (avec, de préférence, un message d’amour à l’intérieur), s’approcher des oiseaux, regarder la lumière des phares clignoter la nuit sur la mer… Autant de petites « aventures » que tant d’enfants (surtout autrefois et plus particulièrement en Bretagne) ont bien connues. Ces aventures avaient déjà été publiées dans deux des trois tomes de l’autobiographie poétique d’Yvon Le Men (Une île en terre en 2016 et Le poids d’un nuage en 2017, aux éditions Bruno Doucey). Les voici réunies en forme de best-off dans la collection Poes’histoires chez le même éditeur. Ne boudons surtout pas notre plaisir de lire ou relire ces textes poétiques (destinés à tout public) dont le dénominateur commun est l’enfance.

Si les mains d’une mère donnent le titre à ce livre, c’est parce qu’elles renvoient à une mère dont le poète a pris les mains « le jour où ses yeux se sont ouverts/une dernière fois ». Amour filial, retour sur « l’île » de parents aimés et aimants « quand les voyelles/pas si nombreuses/poussaient les consonnes/jusqu’au bout de leurs phrases/ de leurs chants ». Et puis, le temps passant, la famille s’élargit jusqu’à ces « inconnus mais pas étrangers » que le poète rencontrera en Castille, en Finlande, au Danemark « le jour de Noël », à Bamako « le jour de l’Aïd », et dans tant d’autres pays.

Qu’il soit en Bretagne ou au bout du monde, Le Men conserve le regard émerveillé de l’enfance. « Nous avons regardé/à travers le vitrail/passer la mer et le ciel », écrit-il à propos d’une chapelle qu’il a visitée. « Et comme les enfants/écoutant chanter la mer/dans un coquillage// nous avons écouté/chanter les images/qui trempaient leurs couleurs/dans l’eau profonde du ciel ».

Les très beaux dessins de Simone Massi, célèbre dans le monde du cinéma d’animation, apportent une touche particulière à ce recueil. On voit un enfant sous le regard des adultes, tenant ici la main d’un père, absorbé ailleurs par la lecture d’un livre ou levant des yeux vers le ciel… Dessins en noir et blanc ponctués, à l’occasion, d’une petite touche de couleur : l’orange d’une orange dans la main, le rouge d’un rouge-gorge posé sur la tête. Magnifique !

Pierre TANGUY
Les mains de ma mère, Yvon Le Men, Simone Massi, éditions Bruno Doucey, collection Poes’histoires, 63 pages, 12 euros.

 

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