Transports quotidiens interminables, difficultés de logement, coût de la vie… Parisiens et Franciliens sont de plus en plus nombreux à souhaiter vivre en province. Parmi eux, les Bretons reviennent presque tous systématiquement aux pays, sorte d’Alyah laïque méconnu. A l’ouest, il y a du nouveau.

Paris et l’Île-de-France sont les régions qui concentrent le plus d’emplois. Malgré un chômage endémique, les candidats au retour vers la province sont toutefois chaque années plus nombreux. Certains prêts à changer radicalement de vie pour un environnement moins stressant. Ainsi,  plus d’un million d’entre eux ont quitté la capitale et ses entours en 5 ans. Ils seraient 5 à 6 millions supplémentaires à y réfléchir. Autant de candidats qui n’hésitent plus à s’éloigner des indéniables atouts parisiens, prenant conscience du merveilleux patrimoine provincial, et de la douceur de vivre locale.

La capitale française a toujours été un lieu de passage pour les Provinciaux

Paris ! On y commence une carrière sans y rester définitivement. Ne faut-il d’ailleurs pas être fou pour rester vitre dans une ville où le coût de la vie ne cesse d’augmenter, parmi lequel celui de l’immobilier, l’un des plus chers au monde, à ce point qu’il est désormais quasi impossible de projeter un achat intra-muros sans prendre un lourd crédit de couple sur 30 ans. Quand on sait qu’un mariage sur deux génère une séparation au bout de 5 ans ! La seconde réprimande des postulants au départ concerne le temps passé dans les transports, en moyenne 1h24 par jour. Viennent ensuite le manque de proximité avec la nature, la sécurité et un environnement de plus en plus dégradé. Enfin, le rapport humain avec les Parisiens, soi-disant difficiles à vire.

Le TGV a réduit les distances. Quitte à passer 90 minutes dans les transports, autant le faire entre Rennes et Paris que de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse à Chatelet. De fait, beaucoup déménagent en conservant leur travail et le choix d’une nouvelle adresse se fait en fonction du cadre de vie à venir. En outre, nonobstant l’outil numérique et le télétravail, plus rares sont ceux à s’éloigner définitivement des pôles urbains, vers de petites villes ou des villages isolés. Dès lors, nous sommes davantage dans une configuration de Parisiens installés dans des centres urbains de taille moyenne, tout en restant connectés à la capitale par des trajets quotidiens. Tendance qui influe à son tour sur les prix de l’immobilier provincial. Le serpent se mord la queue.

Les budgets aisés lorgnent vers le Portugal pour ses avantages fiscaux

Parmi ces départs vers la province, il y a d’abord les choix d’évasions géographiques. L’axe littoral est privilégié, avec un prolongement vers la région Auvergne-Rhône-Alpes, puis le sud et le sud-ouest de la France : Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur ; entendu que la côte méditerranéenne subit une pression immobilière équivalente à celle de la région parisienne. En ce qui regarde les villes, Bordeaux arrive largement en tête, devant Lyon et Nantes, suivies de Toulouse et Montpellier. L’envie de changement se traduit aussi pour certains par une volonté de traverser les frontières et s’installer en Europe, principalement la Grande-Bretagne (mais c’était avant le brexit !), éventuellement dans un pays frontalier. Les budgets aisés lorgnent aujourd’hui vers le Portugal pour ses avantages fiscaux.

Parisiens et Franciliens ont des envies d’ailleurs.Les Bretons des envies de chez eux.

La Corse et la Bretagne ont cette spécificité d’être avant tout choisies pour revenir au pays. Qu’ils s’agissent de jeunes actifs, de quinquas s’employant à trouver un nouveau projet professionnel, ou de seniors en préparation de leur retraite,  les Corses reviennent en Corse et les Bretons en Bretagne, sorte d’ Alyah laïque et régional qui ramène le peuple à sa terre. Les Bretons passent à l’ouest et troque le stress parisien contre les joies vivifiantes d’une région tonique, se demandant tout à coup comment ils ont pu s’en éloigner aussi longtemps. Car les Bretons sont chauvins. Conscients d’habiter un beau pays. Plus de 90% disent l’aimer et vouloir y revenir… Un jour.

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Mars 2019 – Jérôme Enez-Vriad & Bretagne Actuelle

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