L’éco responsabilité, beaucoup en parle et certains agissent. C’est le cas de Louise Robert et de son festival La P’Art Belle samedi 10 août à Sarzeau. Sa promesse : une journée inoubliable, comme une belle carte postale du bout du monde. Du Golfe du Morbihan en fait, et c’est un peu la même chose. Surtout quand l’écologie est au cœur du projet.

Encore un festival en Bretagne me diriez-vous… Certes, mais un festival pas tout à fait comme les autres. Premier du nom, La P’Art Belle est le nouveau rendez-vous de Sarzeau qui souhaite atteindre au moins un objectif : être véritablement « écologique ». Jusque-là, c’est un peu le discours que tiennent tous les festivals des 5 départements bretons. Et d’ailleurs. Sauf qu’ici, Louise Robert s’en donne les moyens. Tout d’abord, elle souhaite maîtriser sa jauge : 1500 personnes maximum pour cette première année et pas plus de 5000 festivaliers en période de croisière des futures éditions. Il est vrai qu’au-delà, les chiffres font rêver les communicants, mais dès que l’on gratte un peu, le vernis vert saute rapidement : d’où provient l’énergie du festival ? La nourriture est-elle 100% locale ? Comment est compensée l’émission des papiers (billets, emballages…), des festivaliers venant en gros 4×4, des artistes en hélico… ? Est-ce vraiment éco responsables ? Bref, autant de questions dont les réponses sont souvent écartées d’un revers de la main. La P’Art Belle affronte l’ensemble de ces tabous. Mieux, elle y apporte des idées nouvelles qui mises bout à bout amènent le Festival dans une dynamique vraiment responsable, tant dans la démarche que dans l’intention. De quoi motiver de nombreux soutiens et partenariats, et intéresser les premiers médias.

Pourquoi et comment créer un nouveau festival en 2019 ?
Louise Robert : Il y a plus de 600 festivals en Bretagne… C’est vrai qu’il faut oser ! De mon côté, c’est une envie qui remonte à plusieurs années. J’ai quitté mon poste à Fgo-Barbara il y a deux ans pour devenir indépendante. De plus, je suis sensible à l’éco responsabilité et au développement durable. J’ai relié cette thématique à mon autre passion : la musique. Cette envie de festival a grandi tout en proposant quelque chose de différent, c’est-à-dire éco conçu de A à Z, en y ajoutant une programmation artistique inédite.

C’est quoi une programmation éco conçue ?
L.R. : Par exemple, ce sont des programmes conçus avec des matériaux de récupération. C’est le cas de la projection visuelle sur la façade du château avec des vieux rétro projecteurs remis au goût du jour grâce au collectif Oyé.

Pour mettre en place cette nouvelle expérience, il faut quand même un bon réseau : d’où venez-vous Louise Robert ?
L.R. : J’ai travaillé aux Francofolies de La Rochelle pendant quelques années.Et pendant 7 ans dans des salles de concert ou associations sur de l’accompagnement de musiciens, coaching, etc. Depuis deux ans, je suis indépendante. Avant, j’avais également fait un peu de programmation et de radio.  Une expérience qui m’a permis d’enrichir mon réseau, d’écrire ce projet et de constituer une équipe. J’ai commencé toute seule, mais maintenant nous sommes sept, que ce soit des collaborateurs bénévoles ou des prestataires. Sur la journée du festival, nous serons une cinquantaine.

Le choix de vos partenaires semble très important et responsable.
L.R. : Oui, car la mission des bénévoles sera – aussi – de sensibiliser le public à notre démarche. Ils expliqueront par exemple pourquoi nous avons mis en place une scène éco-conçue avec les scénographes de La Volumerie. Une entreprise bretonne… On a créé des liens avec plusieurs acteurs locaux pour expérimenter de nouvelles façons de produire un événement. C’est comme ça qu’on a créé la billetterie éthique avec Tickethic et écotree, une autre société bretonne. Sur un festival, on ne peut pas être « zéro émission de gaz à effet de serre » ou « zéro déchet ». Il faut donc compenser. C’est ce que nous faisons avec la billetterie où tous les 10 billets vendus, un arbre sera planté. On examinera le projet avec écotree, pour savoir où seront plantés les arbres, mais ce sera en Bretagne.

Vous souhaitez vendre combien de billets ?
L.R. : On va limiter l’accès au domaine. On pourrait accueillir 25 000 personnes, mais ce n’est pas l’objectif. On veut rester à taille humaine, même dans le développement du projet. Cette année, on va limiter l’espace à 1500 personnes. Si on a 1000 personnes, sera vraiment très bien pour ce premier numéro.

1000 personnes, c’est une jauge qui permet d’équilibrer ?
L.R. : Tout à fait. Si on enlève toute la partie valorisation (le temps passé par l’équipe et les différents partenariats artistiques), on est sur un budget de 35 000€. Notre premier partenaire, c’est la fondation Ecodis basée à Saint-Nolff. On aussi des partenaires sponsors comme Enercoop qui va nous alimenter exclusivement en énergie renouvelable. On est aussi en attente de quelques subventions. On a aussi fait une campagne de Crowdfunding pour nous aider à expérimenter cet axe éco responsable et toutes les créations artistiques inédites. Ça nous permet entre autres de faire venir le groupe anglais The Breath (signé sur le label de Peter Gabriel) avec une date unique en France et un spectacle inédit donné dans la chapelle du domaine.

https://www.youtube.com/watch?v=stBZnYTd3Gg

Qu’est-ce qui différencie votre festival des autres rendez-vous estivaux et écolos ?
L.R. : Le festival s’appelle La P’Art Belle : on souhaite donner la part belle à des acteurs locaux, à des initiatives éco responsables. C’est un festival responsable et artistique. Nous pensons demain dès aujourd’hui. Nous sommes un festival à taille humaine : on n’aura pas 2 concerts en même temps ! On surconsomme beaucoup dans les festivals ! L’autre promesse, c’est de passer du temps pour soit : rencontrer les acteurs locaux lors de conférences, venir – pourquoi pas – avec un bouquin et lire sous un arbre… Et repartir chez soit avec des envies de changements ! La situation est suffisamment dramatique, pour qu’il soit urgent de positiver l’écologie à travers l’art.

La culture n’est qu’un prétexte pour se sensibiliser à l’éco responsabilité ?
L.R. : La culture est le quatrième pilier du développement durable avec les axes social, environnemental et économique. C’est pour ça que le P’Art Belle est pluridisciplinaire.  Nous sommes à la fois artistique, environnemental, touristique : on va valoriser un patrimoine fort, le château de Kerlevenan classé monument historique, face au Golf du Morbihan, un des plus beaux territoires de Bretagne. C’est ainsi qu’on a rejoint le réseau « Marque Bretagne » aux côtés de quelque 800 entreprises. 

La P’Art belle, festival breton ?
L.R. : Oui bien sûr. Je suis bretonne. J’avais à cœur de faire quelque chose sur le territoire breton. C’est pour ça que j’ai mis un certain temps à trouver un cadre exceptionnel. Le château est privé, il appartient à la famille de Gouvello qui a accepté d’accueillir le projet en son domaine. Ils sont très actifs et me mettant en relation avec pas mal d’acteurs locaux. C’est une belle histoire avec la famille. On est très heureux qu’il nous ouvre les portes de leur domaine de 30 hectares dont une partie sera accessible au public dont la chapelle par exemple. L’année prochaine, il y aura davantage d’artistes bretons.

Demain, l’objectif est d’occuper les 30 hectares ?
L.R. : Non, on n’ira pas plus loin que 5000 personnes par jour. Car on fait appel à des producteurs locaux qui travaillent – parfois – dans une agriculture raisonnée. On ne sera jamais dans une surproduction. Un festival aujourd’hui, c’est sur un temps court, trois à cinq jours. La consommation énergétique, les transports des artistes, les consommables… Il y a un gaspillage impressionnant. Notre réflexion porte là-dessus. Le zéro impacte est impossible, mais on cherche à limiter, trouver des alternatives et compenser.

Les artistes viennent à vélo ?
L.R. : Malheureusement non ! The Breath va venir en avion de Manchester, pas en pédalo… (rire).  On ne peut pas encore aborder toutes les problématiques sur ce premier numéro. Nos moyens financiers ne le permettent pas. Mais on réfléchit pour les prochaines éditions. Par exemple, on s’interroge sur le mode d’accès du public. Pourquoi pas animer la venue de Sarzeau à vélo jusqu’au parc. On va également communiquer sur le co voiturage, le bus, etc. Pour les artistes, c’est plus compliqué, surtout dans le cadre d’une tournée.

Tout se joue sur la compensation !
L.R. : Pour l’instant. Car on souhaite sensibiliser. On travaille sur une charte.  Nos partenaires doivent limiter leurs déchets. On fait un pique nique gastronomique géant sur la prairie du domaine. Il sera conçu par un Chef du restaurant Kerstéphanie de Sarzeau. Là encore, un producteur local… On va demander aux festivaliers de venir avec leurs vaisselles, leurs serviettes… Il n’y aura pas de concerts pendant cette pause.

Votre public va être local ?
L.R. : On souhaite toucher un public estival. Des touristes aux habitants du Morbihan. Le public sera local et familial avec des événements pour les parents et les enfants.

Propos recueillis par Hervé DEVALLAN

La P’Art Belle, samedi 10 août au domaine de Kerlevenan à Sarzeau
Entrée : 10€
Site officiel de la P’Art Belle
Pour aider le festival, page de Crowdfunding de la P’Art Belle jusqu’au 21 juin 2019.

https://www.youtube.com/watch?v=IrGhxv_v7CE

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