Toute sa vie, JJ Cale a su rester discret. Jusqu’à contrarier sa carrière. Mais pas son talent de compositeur et de guitariste. Une discrétion ostentatoire qui se remarque par l’absence de portrait du Monsieur sur ses albums et pas mal de concerts dos au public. Une timidité maladive diront certains. Pour les autres, une volonté de poursuivre une vie normale malgré un succès populaire rarement démenti. C’est en ça que le livre de Bertrand Bouard est intéressant : il laisse découvrir le personnage au fil de ses albums, mais aussi et surtout en laissant son entourage donner libre cours à ses souvenirs. Musiciens, compagnes, managers, tourneurs, famille… Tous sont unanimes : John Weldon Cale avait non seulement du talent mais aussi une générosité rare dans le métier. La preuve ? Il payait ses musiciens. Quand on connaît un peu le milieu, on note l’effet « whaou ».

De son style de vie itinérant à la rencontre avec celui qui fit sa fortune, Eric Clapton qui repris « After Midnight » et « Cocaine », voir Lynyrd Skynyrd avec « Call me the breeze » sur leur second album (celui de « Sweet home Alabama) qui sera de tous les lives, cette biographie nous permet – enfin ‘ d’en savoir un peu plus. On découvre que l’homme du Tulsa s’est servi de ses droits d’auteur pour vivre la vie rêvée, mais surtout rester lui-même, acceptant au sommet de sa gloire, de jouer dans des petites salles et d’être en première partie de gens beaucoup moins célèbres que lui. Il faut dire qu’aux Etats Unis, sa renommée reste presque évanescente. Il faut se rendre au Canada, en Australie et en Europe pour que JJ Cale soit reconnu à sa juste valeur. A tel point qu’il finit par signer sur le label du français de Buretel, Virgin France puis Because.

Oui, à la fin, ce livre nous fait aimer JJ Cale. Pour les bonnes raisons. Tous les artistes souhaitent l’argent sans la gloire. JJ Cale l’a vécu et on le jalouse secrètement.

Hervé DEVALLAN

« JJ Cale » de Bertrand Bouard aux éditions Le Mot et le Reste, 262 pages, 21€

 

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