L’histoire du monsieur est à elle seule unique et bouleversante. Edwyn Collins est un miraculé. En février 2005, l’ancien leader d’Orange Juice s’effondre, terrassé par une hémorragie cérébrale. Les médecins annoncent à sa femme Grace qu’il ne lui reste que quelques heures à vivre. “Je ne voyais pas comment il pouvait remonter. Pour moi, il était déjà légume, en coma dépassé.” Explique son épouse. Et aussi incroyable qu’il puisse paraitre, il sort cette année son quatrième album post attaque ! Un album enregistré à Helmsdale en Ecosse, à plus de 300 kilomètres au nord d’Edimbourg. Et à une encablure de Badbea (prononcez bad-bay, comme mauvaise baie), un village vidé se des habitants et près duquel habitait son grand-père et où il passait ses vacances. Autant dire qu’il n’a pas été dérangé pendant l’enregistrement !  

En France, on connaît surtout un titre d’Edwyn Collins : « A girl like you » sorti en 1994. Les autres, l’auront écouté malgré eux puisqu’un de ses titres figure sur la BO de Pulp Fiction, le film de Tarentino. Autant dire que l’écossais est presque devenu un ami de la famille. Avec ce dernier opus, c’est une évidence. Entre David Bowie et Warren Zevon, son rock déambule entre élégance et nervosité. De son problème de santé, aucune trace ; on reçoit sa musique comme un message de sincérité donnant envie de retrouver ces années post punk quand Ian Dury ne se privait pas d’avoir du talent. Oui, « Badbea » respire ce que tout album de rock devrait être : innovant et sincère, toujours plus proche de ses origines.

Hervé DEVALLAN
Edwyn Collins « Badbea » (AED) – 4/5