Après Vannes et Dinard, les terrasses des bars et restaurants rennais vont être soumises aux impératifs d’une charte écologique et esthétique imposant la suppression des chauffages d’appoint et barnums hivernaux. Décision applicable au 1er janvier 2020.
La municipalité rennaise finalise certaines réformes en vue des élections municipales. Après avoir autorisé le burkini dans les piscines au nom du « vivre ensemble », puis affirmé l’importance de « dégenrer » les cours de récréation des écoles en invoquant « l’égalité des sexes », Nathalie Appéré, maire PS de la capitale bretonne, interdit cette fois les terrasses chauffées en vertu d’une écologie devenue souveraine. L’application dès janvier 2020 contraint cafetiers et restaurateurs à réorganiser leur commerce.
Des mesurettes prétendument écologiques pour séduire les électeurs
Selon la mairie, cette mesure revêt un enjeu de santé publique, car les terrasses fermées tolèrent la consommation de tabac – c’est un peu l’idée ! – dont les émanations intoxiquent la clientèle et le personnel de service. Certes. Notons cependant que ces endroits mi-clos sont d’ordinaire contigus à une salle « en dur » dans laquelle il est interdit de fumer, le client a donc le choix ; en outre, les terrasses (ouvertes ou fermées) sont depuis toujours des espaces fumeurs respectant la loi Évin relative à la consommation du tabac. CQFD. Second argument de la mairie (pas piqué des hannetons !) : la partie écologique. Les chauffages d’appoint extérieurs seraient en effet de dangereux polluants (CO2) auxquels il convient de mettre un terme. On attend d’ailleurs l’interdiction des illuminations de Noël pour sauver la planète. Ah, c’est vrai ! L’électricité française est nucléaire. Zéro empreinte carbone. Rennes est sauvée ! Noël aussi. Au moins pour cette année.
Bientôt un nouveau mobilier pour remplacer les barnums
Problème également avec les barnums qui protègent de la pluie et du vent bretons. Ils seront désormais proscrits parce que responsables de « cacher le patrimoine au lieu de le révéler », estime Marc Hervé (chargé communal du commerce rennais et fils de l’ancien maire Edmond Hervé), assurant néanmoins qu’une période transitoire sera accordée aux commerçants jusqu’en 2022 ; date à laquelle les tentes devront être remplacées par des parasols ou/et des stores, éventuellement des protections type pare-vent mais, attention la mairie veille ! uniquement sous certaines conditions. Les équipes municipales, celles-là mêmes qui ont pourtant autorisé les barnums existants, proposeront d’autres types de mobilier dans lequel il faudra bien entendu investir à nouveau. Tout cela est effectivement très écologique.
Un recadrage esthétique draconien avant les élections
Si la prise en compte de ce dossier pour des raisons esthétiques et d’accessibilité aux rues semble justifiée, en particulier dans le centre-ville, n’oublions toutefois pas que la situation actuelle est relative au laxisme de la mairie qui a laissé faire n’importe quoi pendant des années. En d’autres termes, Nathalie Appéré demande à ses équipes un recadrage esthétique draconien avant les élections, faute de l’avoir géré en amont. Une raison consensuelle était à ce titre indispensable, fut-elle démagogique, ce sera l’écologie : fameuse empreinte carbone dont il faudra un jour la regarder en face pour s’en relever autrement qu’à travers un clientélisme électoral.
Jérôme ENEZ-VRIAD
© Novembre 2019 – J.E.-V. & Bretagne Actuelle