Manifestement, la démocratie directe et locale n’est pas parvenue jusqu’au conseil départemental de Loire Atlantique. Les 105 000 signatures – à ce jour – en touchent une sans remuer l’autre comme l’aurait dit Jacques Chirac. Inquiétant pour un élu quand on sait que cela représenté 10% de ses électeurs. Car Philippe Grosvalet (PS) ne va pas inscrire l’organisation d’un référendum à l’ordre du jour du conseil départemental le 17 décembre prochain, mais la simple inscription du vote sur le droit d’option portant sur la modification des limites régionales. Rappelons simplement que cette pétition demande à organiser un référendum, comme la loi NOTRe l’y autorise. Clair, net et précis. Et pas un petit arrangement entre amis.

Pour Bretagne réunie, « que ce soit les 62 conseillers départementaux qui décident à la place de 1 million d’électeurs pour une question sur laquelle ils n’ont pourtant pas été élus en 2015 », Philippe Grosvalet se livre « à un véritable déni de démocratie ». Car la position de Philippe Grosvalet est connue. Il a exprimé par le passé son sentiment. Lors de la réforme territoriale engagée par François Hollande, il avait défendu un Grand Ouest imaginaire (à l’Ouest de Paris bien sûr !), soit la fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire. On peut donc imaginer qu’un « simple » rattachement soit loin de ses ambitions.

A l’heure d’un grand mouvement de fond emmené par les Gilets Jaunes, il est inquiétant de constater qu’une fois de plus « l’ancien monde » s’arc-boute sur ses prérogatives sans tenir compte de la voix du peuple. De son peuple. Bretagne Réunie poursuit : « Comment des élus peuvent-ils vouloir encore confisquer la démocratie en interdisant aux électeurs de voter sur leur avenir alors que de plus en plus de françaises et de français se sentent exclus du système, et alors que les citoyens se détournent de plus en plus des urnes ? »

La réunification de la Bretagne : un enjeu de démocratie pour les parlementaires bretons

Le « plus » étonnant dans cette affaire, c’est que de nombreux députés et sénateurs soutiennent cette démarche populaire. Ils sont 20, dont 4 députés de Loire-Atlantique, à réagir et signer un communiqué qui appelle à « La réunification de la Bretagne : un enjeu de démocratie pour les parlementaires bretons ».
A l’heure où les 2 assemblées nationales sont tant décriées, il est rassurant de constater qu’un vent de révolte souffle depuis les sommets de ces hautes instantes représentatives. Voici ce que dit le communiqué de ces 20 sages :

« Plus de 100.000 électeurs inscrits dans le département de la Loire-Atlantique ont signé la pétition demandant l’organisation d’une consultation sur la réunification avec la Bretagne. Cela fait 10% du corps électoral, ce qui est considérable et prouve que nos concitoyens sont loin de se désintéresser de la démocratie territoriale et de ce sujet en particulier. 

Ce succès vient couronner des années de fortes mobilisations citoyennes. Le seuil d’un dixième des électeurs fixé par la loi pour demander l’organisation d’une consultation locale ayant été atteint, nous demandons que la volonté des habitants de Loire-Atlantique soit respectée par le Conseil départemental pour qu’ils puissent s’exprimer.

Loïg Chesnais-Girard, Président du conseil régional de Bretagne n’a jamais caché sa position

Organiser une consultation populaire permettrait à chaque électeur de s’exprimer en donnant son avis sur la mise en œuvre ou non par le Conseil départemental de son droit d’option. Ce n’est qu’ensuite que le Conseil départemental pourra décider de manière éclairée que soit mis au débat des trois assemblées locales (deux régions et le département), le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. Dans le contexte actuel, où une partie du peuple a l’impression que les élus leur confisquent la parole, qu’ils ne sont pas entendus, circonscrire cette consultation serait perçu comme un renoncement de la parole citoyenne. C’est pourquoi, nous, parlementaires des cinq départements bretons, relayons amicalement vers nos collègues du Conseil départemental de Loire-Atlantique, cette volonté populaire qui s’est exprimée jusqu’à nous. »

Un texte plein de bons sens dont Philippe Grosvalet pourrait s’inspirer. L’élu pourrait demander à ses administrés ce qu’ils en pensent… Côté Armorique, Loïg Chesnais-Girard, Président du conseil régional de Bretagne n’a jamais caché sa position. Et il la réaffirme dans un communiqué : « Le Conseil régional s’est toujours prononcé pour la réunification et je proposerai qu’il puisse à nouveau confirmer sa position dans un calendrier à fixer avec les collectivités concernées. » Que dira Christelle Morançais, son homologue pour les Pays de la Loire ?

Ci-dessous les 20 sénateurs et députés signataires. Gageons que d’autres les rejoignent !

Paul Molac, député du Morbihan
Yves Daniel, député de Loire-Atlantique
Sandrine Josso, députée de Loire-Atlantique
Gael Le Bohec, député d’Ille-et-Vilaine
Aude Amadou, députée de Loire-Atlantique
Erwan Balanant, député du Finistère
Thierry Benoit, député d’Ille-et-Vilaine
Anne-France Brunet, députée de Loire-Atlantique
Michel Canévet, sénateur du Finistère
Jean-Luc Fichet, sénateur du Finistère
Marc Le Fur, député des Côtes-d’Armor
Bruno Joncour, député des Côtes-d’Armor
Yannick Kerlogot, député des Côtes-d’Armor
Joël Labbé, sénateur du Morbihan
Jean-Charles Larsonneur, député du Finistère
Jacques Le Nay, sénateur du Morbihan
Gwendal Rouillard, député du Morbihan
Michel Vaspart, sénateur des Côtes-d’Armor
Maryvonne Blondin, sénatrice du Finistère
Yannick Botrel, sénateur des Côtes-d’Armor

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