Dominique A « Tomber Sous Le Charme » HermineHermineHermineHermine

Attention ceci n’est ni un roman ni une biographie, seulement (serait-on tenté de dire) un recueil de texte-chroniques-éditos parus depuis une petite dizaine d’années dans les pages de divers magazines : Epok,TGV Magazine, les Inrockuptibles, Le Monde des Livres… On y découvre donc un Dominique A parlant de ses passions, de ses découvertes et parfois de ses coups de cœur pour l’actualité. Dans une deuxième partie, l’homme y dévoile son journal de bord, tournées 2002, 2006, 2013 puis, se livre à un exercice périlleux l’autocritique de ses propres albums.

Dominique A « Tomber Sous Le Charme »Note : 4 sur 5

Il y a quelques noms dont on n’a jamais entendu parler (Marissa Nadler, White Birch, Field Mice) et l’on peut faire confiance à Dominique A pour son bon goût, mais surtout plusieurs réflexions qui mettent en perspective cette compliquée tâche de juger le travail des autres. A propos de BabX Dominique A dissèque une phrase d’un critique : « Il ne me gène pas mais pour moi il n’a pas commencé… » et se l’approprie à propos de son propre travail. Ce n’est jamais un spécialiste qui parle à d’autres spécialistes, mais bien un amateur de musique qui veut partager et dont l’écriture emprunte souvent au quotidien.

Dominique A évoque surtout des artistes que tout mélomane curieux au jour ou l’autre croisé au fil de ses pérégrinations, de X (le groupe de Los Angeles) à Louis Deprestige pour n’en citer que deux, et il est toujours fascinant que quelque soit la route empruntée il y a des évidences, des disques qui se retrouvent sur votre chemin sans que vous ne l’ayez demandé. A propos de ces livres qui alimentent ses réflexions, Dominique partage le même sens de la curiosité.

La partie journal de tournée est très différente, ici pas de découverte musicale ou littéraire, mais juste une suite d’événements ordinaires, comme ces after alcoolisés, ces confrères croisés, ou cette femme qui lui annonce que sa lecture était ennuyeuse. Comme d’autres j’imagine, je suis allé vérifier la date de mon dernier entretien pour savoir si pas hasard l’on parlait de moi, mais le 14 mars 2012 n’a pas été retenu. Et tant mieux car je préfère rester ce voyeur à qui l’on raconte de belles histoires que partie intégrante d’un récit.

Pour la dernière partie, l’artiste se livre donc à un passage en revue sévère de sa propre œuvre (A propos de « Si Je Connais Harry » : L’isolement avait été trop long, générant un sentiment tenace d’incrédulité quant à la possibilité d’un parcours. A propos de « La Mémoire Neuve » : l’œuvre d’un jeune homme qui se lance enfin dans le bain après avoir longtemps tâté du pied la température de l’eau) avec aussi les à côtés, le prix de la séance photo, l’ambiance, le contexte etc. Et c’est finalement ce qui est le plus passionnant, l’envers du décor, à mi-chemin avec l’exercice autobiographique, qui donne un autre éclairage à cette carrière.

Dominique A ressemble de plus en plus à l’une des forces tranquilles du paysage musical français (on a longtemps hésité pour employer l’expression rock français, nouvelle chanson…) et sa carrière s’apparente pour moi à celle d’un Jean-Louis Murat, on peut être affolé par la production (dix albums bien remplis) mais dés que l’on y jette une oreille curieuse et attentive on ne peut être que happé et en redemander. La chronique est un exercice qui finalement se rapproche beaucoup de la chanson, c’est pour cette raison que Dominique A y excelle également.

Dominique A « Tomber Sous Le Charme » aux éditions Le Mot et le Reste, 224 pages, 20€

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