Créateur avec son complice scénariste Tamburini, de RanXerox, personnage culte du neuvième art, Tanino Liberatore nous offre aujourd’hui non pas un mais deux ouvrages indispensables à tout amateur de BD qui se respecte : Ranx Re/incarnation et Petites morts (et autres fragments du chaos).
Au début des années 80, les amateurs de bande dessinée se prenaient une véritable claque visuelle en découvrant les aventures de Ranx, un cyborg complétement révolté et infréquentable, évoluant dans un monde rongé par la drogue, le sexe et la violence. Un personnage qui a logiquement propulsé le dessinateur Tanino Liberatore parmi les nouveaux maîtres de la BD européenne. Près de quatre décennies plus tard, Glénat rend hommage à cet artiste inclassable et iconoclaste en publiant deux ouvrages. Le premier intitulé Ranx Re/Incarnations, rassemble la quasi-totalité des illustrations réalisées par Liberatore autour de l’univers de son célèbre (anti)héros ainsi qu’une série de dessins conçus pour les besoins d’une récente exposition qui lui a été consacrée à Paris. Un livre somptueux qui permet de prendre conscience du génie de l’artiste, ce dernier passant d’une technique à l’autre pour laisser éclater un trait réaliste et cru reconnaissable au premier coup d’œil. Mine de plomb, encre, peinture… le dessinateur transalpin nous offre un condensé d’esprit punk et contestataire au gré de pages qui marquent durablement la rétine. Le deuxième ouvrage intitulé Petites Morts (et autres fragments du chaos) regroupe, quant à lui, la plupart des histoires courtes mises en image par l’artiste. Certaines avaient déjà été réunies au sein de Vidéos Clips, édité par Albin Michel en 1984 mais d’autres, comme celles publiées dans L’Echo des Savanes, restaient inédites en album. Cette injustice est désormais réparée et ce livre, de plus de 250 planches, comblera les aficionados de l’auteur italien. Résolument sombres et puissamment érotiques, les différents récits (écrits en compagnie de Tamburini, mais aussi de Tonino Benacquista, Georges Wolinski ou encore Alain Chabat) qui composent ces Petites Morts démontrent non seulement que Liberatore n’est pas l’homme d’un seul personnage mais aussi et surtout qu’il porte sur notre société capitaliste et de surconsommation un regard affuté et sans concession, ô combien salvateur. Du grand Art.
Dessins : Tanino Liberatore. Scénario (pour Petites Morts) : Stefano Tamburini, Alain Chabat, Georges Wolinski…Editions Glénat. 35€ (Petites Morts) et 39€ (Ranx).
