Pourtant face au roman national que nous impose la France, chaque « Histoire de la Bretagne » s’excuse pratiquement d’exister. On y parle autant de province que de pays, de Bécassine que de bonnets rouge. Et à la fin, le soufflet breton retombe inexorablement. Il ne se passe rien. Ou plus exactement, toujours la même chose : les images d’Epinal défilent, les héros bretons sont caricaturés et en 2018, les enfants de notre pays ne sont toujours pas autorisés à passer le brevet et le bac dans leur langue. L’Etat est bien bon, acceptant l’apprentissage du breton à compte d’auteur (écoles privées Diwan), mais fait son possible pour interdire sa pratique au quotidien.

Le livre de l’universitaire Joël Cornette bas notre coulpe et parle d’une province à la langue « vigoureuse et imagée » et « une longue tradition de quête d’autonomie ». On n’ose traduire.

En fait, ce qui manque à la Bretagne, c’est l’équivalent d’un roman national français avec ses héros et ses victoires. Et non la caricature de chaque personnalité résistante, le massacre de chaque soulèvement contre l’Etat français. Oui, ce qui manque c’est un grand film à la « Braveheart », une fresque lumineuse. L’histoire de la Bretagne n’est-elle pas plus ancienne que celle de nos amis francs ?

Certes, « Bretagne, une aventure mondiale » est un livre d’histoire. Une œuvre « scientifique ». Mais puisque l’histoire est écrite par les vainqueurs, qu’attendons-nous pour nous placer à ce niveau d’exigence ? Et écrire enfin, cette histoire de la Bretagne vu du côté d’une nation qui fut indépendante, rayonnante et riche pendant plusieurs siècles. Notre architecture, notre culture et notre langue le prouvent. Il suffit juste d’être breton, objectif et historien.

Hervé Devallan
« La Bretagne, une aventure mondiale » sous la direction de Joël Cornette aux éditions Tallandier, 384 pages, 20.90€