Jack Kerouac a passé sa vie à chercher ses racines bretonnes. En fait, depuis que son père lui disait « N’oublies jamais que tu es Breton Ty Jean ».
Il n’a pas oublié, se rendant par deux fois en France pour pister ses origines celtes. Deux échecs dus autant à l’alcool qu’aux fausses archives que ses ancêtres ont laissé traîner dans les états civils du Québec. Lui-même perpétuant une tradition presque familiale, passant de Jean-Louis à Jack.
Il fallait bien deux plumes pour enquêter sur le cas Kerouac. La généalogiste Patricia Dagier s’est rendue au Canada pour faire la lumière sur un certain Urbain-François Le Bihan de Kervoac né à Huelgoat au début des années 1700 en Centre Bretagne, fils de notaire, parti s’exiler au Québec sans gloire ni perspective de retour. Changeant de vie comme de nom, il ne revint jamais au pays, laissant 3 enfants, une veuve croulant sous les dettes et – déjà – le rêve d’un trésor caché au pays des ancêtres.
De l’autre côté, Hervé Quéméner suit Jack Kérouac sur les routes américaines où il est né en 1922 dans la communauté francophone de Lowell, une ville textile de la Nouvelle Angleterre dans le Massachussetts. S’il n’apprend l’anglais qu’à l’âge de 8 ans, c’est pourtant dans la langue de Shakespeare qu’il va écrire tous ses romans.
Organisés comme deux véritables filatures, « De l’Amérique à la Bretagne » dévoile cette singulière lignée de Kerouac au fil du 18e siècle en Bretagne et au Canada avec, en miroir, le cheminement de celui allait devenir le héraut bien malgré lui de la génération beatnik puis hippies. Et que ce soit Urbain-François ou Jack, l’aventure est autant « Sur la route » que dans les cœurs. Car près de 3 siècle plus tard, chez les Kerouac un seul principe l’emporte : rester breton avant tout. Comme nous tous.
Hervé DEVALLAN
« Jack Kerouac – De l’Amérique à la Bretagne » de Patricia Dagier et Hervé Quéméner aux éditions Le Mot et le Reste, 182 pages, 17€
