L’autre jour j’ai rendu visite à Hervé Jaouen.

 J’aime ce monde miniature qui est sur le bureau d’un écrivain.

 Une lampe de cuivre.
 Une blague à tabac.
 Des dictionnaires.
 Un calendrier et un éphéméride.
 Des stylos, des crayons et des gommes.
 Un atlas ancien et la carte des routes maritimes.
 Des lettres de lecteurs – et de lectrices.
 Une petite paire de jumelles.
 Une carte de Bretagne.
 Une boîte à secrets que l’on n’ose pas ouvrir
     et qui brûle les yeux.
 Des photos au mur- elles montrent des inconnus
     des enfants dans le plein soleil
     deux hommes qui rient
     une femme qui tient son amie par l’épaule
      un mariage autrefois sur la place d’un village.
 Un vieux livret de famille qui dit le nom de celles et ceux qui sont morts
    -ils se sont endormis peut-être dans l’espérance de la résurrection
     ou bien ils ne croyaient à rien.
 Un cahier d’écolier où l’encre se noie un peu dans la page maladroite.
 Une gravure licencieuse des années 20 – une femme à genoux se retourne,
    contemple le photographe  -son amant ?- d’un regard mutin à travers la barrière
     ajourée de ses cheveux. Elle est  adorable dans son abandon et tient dans la main gauche
     une fine flûte à champagne portée à ses lèvres.

 Une rose des sables.

Des galets dérobés sur la plage d’Audierne, je reconnais le polissage parfait qui les fait si beaux.
Un petit miroir à main.
Un cendrier et deux verres à whisky.
Une branchette de buis.
Une coupe de fruits.
Des petites piles instables de livres.

        Alain-Gabriel Monot.


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