Petit pays de Gaël Faye HermineHermineHermine

« Je tangue entre deux rives : mon âme a cette maladie-là. Je pensais être exilé de mon pays… En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. » L’originalité du roman de Gaël Faye tient sans doute à sa quête si difficile : retrouver coûte que coûte les traces de sa jeunesse, côté paradis d’abord, mais aussi nous faire entrevoir l’enfer de la guerre à travers ses yeux d’adolescent.


Petit pays de Gaël Faye

Son pays tant aimé, c’est le Burundi. 

« Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec les chevelures de ses arbres….. »

« Avant, avant tout ça.. » le Burundi était un vrai paradis pour le narrateur Gabriel.

Sous ces latitudes tropicales, la vie est douce et parfumée par les manguiers géants de son quartier. Et chez Gabriel, les paons se pavanent dans le jardin…

 Une enfance bénie des dieux entre ses parents, des serviteurs attentifs, et sa sœur Ana.

Mais surtout, dans l’impasse il y a  la bande de copains, des inséparables, prêts à toutes les aventures !

Gino, les jumeaux, Armand, Gabriel le narrateur et leur ennemi juré à tous, Francis, plus âgé qu’eux.

Leurs journées s’égrènent au gré des  hasards et des expéditions! Aventures d’un jour sur la rivière gonflée par les pluies ou sur le terrain de foot du Lycée international.

 Et surtout dans le vieux combi wolkswagen, point de ralliement essentiel pour toute la bande !

«  C’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer. »

Le divorce de ses parents fut la première fêlure….

« …ils avaient confondu le désir et l’amour…. »

 Et  bientôt, c’est la guerre qui se déclare entre les Tutsis et les Hutus et qui se propage comme une traînée de poudre. Des ethnies différentes mais qui avaient pourtant la même terre, le même dieu…

« Partout dans le pays les Tutsis étaient systématiquement et méthodiquement massacrés, liquidés, éliminés. »

Or, si son père est un blanc du Jura, la mère de Gabriel est une Tutsi du Rwanda.

Dans sa famille,  les jeunes s’engagent, cousins, oncle. Et la famille proche de la mère de Gaby vit sous la menace.[1]

Ceux de la bande  s’y mettent à leur tour et Gabriel lui-même est mêlé contre sa volonté à une sombre histoire…La vie devient un enfer, il faut quitter le pays si on le peut !

La poésie de Gaël Faye se faufile entre les lignes pour endiguer la violence et, sans nous malmener, nous amener à saisir les événements au plus près.

Et au final, il nous fait percevoir  comment la vie s’immobilise lorsqu’elle est touchée en son centre vital, au cœur de l’enfance !



Editions Grasset, 224 p, 18€

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