Joël Guyard fait avec l’image ce que des artisans font du métal, des potiers de la terre ou certains ébénistes avec le bois et singulièrement la marquèterie. L’image, il la tord, la détourne, la détoure, la contourne, la transcende, y découpe, la décuple, la morcelle, réunit ses épars, ravaude ses blessures, ourle ses lèvres, bouche ses trous, en élargit d’autres, Joël Guyard est-il un photographe ?


Si oui, c’est à la puissance deux. Quelqu’un qui s’empare de ce qu’il voit dans la banque des données universelles et fait son choix, logiciel à la rescousse, un photo-shoppeur chope aussi du réel.

Si non, question, est-ce qu’un sampleur d’images est un photographe ? Un imageur, c’est sûr et certain.

Il entre dans ce qui ne se voit pas sauf si on n’hésite pas à nommer cette zone celle des fantasmes, il y entre et la montre. Montreur de fantasmes, beau métier. Erotiseur d’œil, Bataille n’est jamais loin en embuscade. Ni les surréalistes, ni les dadaïstes ou les situationnistes, il en va du guyardisme et sa variante le coqàl’ânisme!

Joël Guyard a été exposé aux rencontres de Dol, chambre à part et permanente, exposé aussi à Fougères ou Paris, montrant un travail tellement divers, tellement ouvert qu’on peut en chercher la cohérence. Celle-ci est comme celle de l’inconscient, a-spatiale -pourtant on croit reconnaître Fougères, un sexe ou un entrepôt au nu allongé, a-temporelle- pourtant, c’est sûr qu’on voit une banane à point, un escargot tout chaud ou des carottes de saison à moins que l’architecture d’un immeuble ou d’un œuf. Tout peut arriver, y compris l’art baroque.

Son tarot est imaginaire, sa carte est du tendre et les images, laissez-vous aller, entremettent entre vous et vous, ce mince diaphragme intérieur, nommé songe.

Gilles Cervera – © Septembre 2015

www.joelguyard.fr

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