Par la grâce de son écriture, aérienne et forte à la fois, Justine Levy entraîne ses lecteurs dans les zones terrifiantes de la vie d’Alice, personnage central du roman et qui pourrait être son double.Une jeunesse massacrée : désormais, la légèreté n’est plus pour elle !
Justine Levy témoigne, une fois encore, de la difficulté de refaire surface quand on a eu une mère adorée qui fut à la fois son héroïne et, sans le savoir, son bourreau.
« Je sais juste qu’une maman malheureuse vous refile toujours un bout de son malheur, sans le faire exprès et sans le savoir. »
Lorsqu’Alice, encore enfant, va passer des week-ends chez sa mère, elle la retrouve couchée, à cause de ses « règles »… En fait, sa mère est dans une phase descendante, liée à la drogue et à l’alcool. Si bien qu’Alice doit tout gérer : cette absence morale et physique et la peur diffuse qui l’habite.
Toute une jeunesse passée ainsi entre l’abandon de sa mère et les maîtresses souvent peu accueillantes de son père…Comment se construire dans ces conditions ? Il en résulte un terrible manque de confiance en elle et peu d’attirance vers les autres.
Pour ses deux enfants, et avec l’aide de Pablo, elle va surmonter en partie son mal.
Et surtout, elle s’est fixé pour but la gaieté ! Mais la gaieté, quand on a peur de tout et surtout de la mort, est un combat de chaque instant.
Avec ses enfants, elle se crée une bulle protectrice, « un paradis », loin du monde, de la politique, des livres, de tout. Elle adopte des rites pour que le quotidien soit rassurant…
Ce roman est passionnant et ne génère pas la tristesse malgré des révélations qui nous coupent le souffle. Un style très personnel, de l’humour parfois féroce et beaucoup d’autodérision nous séduisent d’emblée.