La mélancolie lui va bien. Filip Chrétien y puise un album personnel qui entend séduire autant que son dernier « Dia a dia ». Une chronique pour le rassurer.
Filip Chrétien ne perd pas de temps. Un an après « Dia a dia », il nous invite à mettre les pas dans les pas de son dernier album, « Les traces ». Comme si l’urgence du temps commandait de retrouver des règles ancestrales où l’amour était roi et les sorties de vinyles bi annuelles. Le point commun de cette frénésie temporelle ? La qualité bien sûr. Pour Philip Chrétien, on parlera d’émotion à fleur de peau. Ici, l’artiste égrène ses sentiments et sa nostalgie jusqu’à retrouver le goût des autres. Mieux, jusqu’à oser tirer un trait sur ses souvenirs encombrants pour lui permettre de passer à autre chose. On y croise les copains d’illusion de son premier groupe Marco Lips (« L’aventure »), la sortie de l’hiver (« Je vois rouge ») et cet inexorable exile à l’Ouest (« Mes sentiments »), comme pour mieux faire rimer hier et hiver. Car oui, suivre Filip Chrétien, c’est oser explorer son âme cabossée par les morsures du temps. Parfois d’autres artistes couvrent le silence de ses propres maux : la reprise « Diabolo menthe » d’Yves Simon y apporte même un regard féminin. Et en fait un grand clin d’œil à la collection de disque de son père ! Côté musique, vous l’aurez compris, « Les traces » empruntent toujours une pop acoustique pour s’exprimer, parfois avec l’accent de Christophe Miossec, parfois avec celui de Daniel Darc. Des influences qui s’estompent au fil des écoutes. Gageons qu’après ces belles mélopées mélancoliques, le printemps redonnera une autre couleur à ce temps qui file et qui se conjugue aussi au futur. On l’oublie parfois…
Hervé DEVALLAN
Filip Chrétien « Les traces » (Avant L’Orage)
