City on fire de Garth Risk Hallberg HermineHermineHermineHermineHermine

Voici un premier roman insolite. Voici un premier roman grandiose. Sur plus de 900 pages grisées de la même prose sans failles, empreintes d'un style distillant avec élégance humour et émotion, on est porté par une même voix dont on ne se lasse pas. 


City on fire de Garth Risk Hallberg

L’auteur semble s’y être libéré du fardeau de son imaginaire colossal en nous livrant ce récit presque trop maîtrisé pour être inventé. On jurerait qu’il y était, dans ce New-York des années 70. Or il a 35 ans et cette histoire contée avec la minutie d’un aquarelliste et la précision d’un enquêteur est donc une pure fiction. C’est un premier roman aboutissement de six ans de labeur, d’enfermement pour paradoxalement libérer ce monde devenu trop vrai pour rester dans l’ombre de ses pensées. Certains lui reprochent déjà une ambition dévorante pour avoir osé un premier récit aux allures de fresque épique, mais Hallberg ressemble bien plus à ces écrivains nés qui obéissent corps et âme à l’appel de la plume, suivent leurs personnages jusqu’à la dernière page, sans négliger l’essentielle cohérence formelle mais sans glisser jamais dans le verbiage prétentieux. On lui reprochera seulement de décourager les écrivains moins doués : il nous offre un chef-d’œuvre, et un grand. 

31 décembre 1976. New York se prépare pour le réveillon. Chez les Hamilton-Sweeney, Felicia accueille financiers et mondains tandis qu’à l’autre bout de la ville, dans le Lower East Side, Charlie, venu de Long Island, attend Sam pour assister à un concert punk. Mais Sam a un autre rendez-vous auquel elle tient plus que tout. Elle retrouvera Charlie dans quelques heures à la station de métro de la 72e Rue. 
Non loin, dans Hell’s Kitchen, Mercer Goodman glisse entre ses doigts un délicat carton d’invitation adressé à William, son amant. Et s’il se rendait à la réception des Hamilton-Sweeney pour retrouver Regan, cette sœur que William lui a toujours cachée ? Il pourrait peut-être en apprendre enfin un peu plus sur celui qui partage sa vie, mais pas ses secrets. Central Park, un peu plus tard : des coups de feu assourdis par la neige et du rouge sang sur le grand manteau blanc.
Le lien entre tous ces êtres ? Ce crime, tôt ou tard. Leurs histoires s’entremêlent et nous entraînent dans les recoins les plus infimes de la ville, jusqu’au grand Black Out de 1977. 



Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Elisabeth Peellaert, éditions Plon, collection Feux Croisés, 992 p., 23,90 €.

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