Brieg Guerveno Groupe ? La formule est rodée : guitares, basse et batterie. La vraie nouveauté, c’est cette ambiance à la Gun Club chantée en Breton.
Avec les phrasés gutturaux de la langue, Brieg Guerveno Groupe va un peu plus loin et emporte son rock vers les chemins creux de son enfance balayés ici et là par une folk grave et sombre. Le son et le sens des paroles (traduites en français dans le livret de l’album) accentuent cette impression d’infinie tristesse à l’image du titre « Heklev an nenv » qui revient sur les relations compliquées pères / fils ou encore « Kludet ! » qui s’interroge sur les affres de la vie à la manière d’Eliott Smith. Pas de doute, le breton est toujours un peu taiseux. Pourtant, au détour d’une ligne de basse envoûtante ou d’un solo de guitare, la lumière jaillit et électrise l’atmosphère. Car si le verbe est triste, la musique rappelle les grands espaces américains qu’aimait emprunter Kérouac. Entre les bobos de Saint Anne et les hobos de Baton Rouge, la jonction est désormais faite.
Hervé DEVALLAN
