Intense émotion jeudi 16 février à l'Olympia pour le grand retour d'Alan Stivell sur la scène parisienne qui l’avait accueilli, il y a quarante ans pour un concert historique resté dans les mémoires. L'artiste avait réuni autour de lui des amis de l'époque Dan Ar Braz, René Werneer et des talents de la nouvelle génération, Nolwenn Leroy, Pat O’May et le bagad Quic-en-Grogne de Saint-Malo qui lui ont rendu un vibrant hommage.


Le triskèle d’Alan Stivell scintille de nouveau sur sa poitrine. La Bretagne et les Bretons de Paris s’étaient donné rendez-vous jeudi 16 février pour assister au concert unique d’Alan Stivell en hommage à son passage mythique à l’Olympia il y a tout juste quarante ans. Petit retour en arrière. Le 28 février 1972, Alan Stivell joue à guichet fermé en tête d’affiche de la célèbre scène parisienne. L’artiste breton qui a déjà popularisé de nombreux airs du répertoire traditionnel est entouré de ses compagnons habituels, Dan Ar Braz, Michel Santangelli (futur batteur de Jacques Higelin), Gabriel Yacoub, Pascal Stive, Gérard Levasseur Serj Parayre et Michaël Klec’h. Le concert est retransmis en direct sur Europe numéro1. Environ 7 millions d’auditeurs seront ce soir-là à l’écoute. L’album enregistré au cours du concert et intitulé sobrement « Alan Stivell à l’Olympia » devient à lui seul un phénomène de société puisqu’il est vendu à plus de 1,5 millions d’exemplaires. Dès lors, plus rien ne sera comme avant. Les créations et arrangements résolument modernes d’Alan Stivell ouvrent la voie à la première vague celtique. Soudainement, les Bretons n’ont plus honte de leur culture. Ils retrouvent peu à peu au gré des nombreux festou-noz organisés un peu partout en Bretagne et dans le sillage du jeune musicien néo-celtique une part de leur identité. Quarante ans plus tard, le combat pour la reconnaissance des particularismes régionaux est encore loin d’être terminé. La Bretagne perd ses derniers bretonnants de naissance, la charte sur les langues minoritaires n’a toujours pas été ratifiée par la France et Nantes demeure depuis le décret loi de 1941 pris par le régime de Vichy la préfecture de région des…Pays de la Loire ! Pourtant Alan Stivell peut savourer le chemin parcouru. Inlassablement, le barde breton aura su tisser des liens avec des artistes du monde entier (Youssou N’Dour, Jim Kerr, Cheb Khaled, Breda Mayock) comme pour mieux revendiquer son appartenance à une Bretagne contemporaine, enracinée et résolument ouverte sur le monde. A l’occasion des quarante ans de son concert historique à l’Olympia, Alan Stivell ressort sous la forme d’un double CD best-of intitulé «Ar Pep Gwellañ» les plus belles chansons de son répertoire, ainsi que l’enregistrement du concert de 1972 remastérisé.

Fans de la première heure

Le 16 février dernier, il y avait bien dans la salle une nouvelle fois pleine à craquer de l’Olympia la cohorte des fans de la première heure, toujours prêts à reprendre en cœur et en breton les grands succès de leur idole, Son ar chistr, Pop-Plinn ou Suite Sud-Armoricaine. Mais aussi des travées complètes de spectateurs beaucoup plus jeunes, visiblement tombés tout petits dans le chaudron celtique du barde planétaire. Comme annoncé dans la presse, les compagnons du départ étaient bien au rendez-vous. Dan Ar Braz, le guitariste à l’humilité légendaire, arrivé sur scène sur la pointe des pieds en baskets jaunes, mais aussi René Werneer au fiddle (violon) qui n’avait pas joué avec Stivell depuis 35 ans. Fidèle à la spontanéité du fest-noz, le héraut de la pop-celtique n’a pas hésité à descendre dans l’arène pour initier un an-dro dans la foule, mettant temporairement en panique le service d’ordre peu amène de l’Olympia. Puis ce fut au tour de la star bretonne de l’année, Nolwenn Leroy, d’interpréter une version magistrale de Brian Boru, l’un des grands standards du harpiste qui parle de ce roi irlandais vainqueur au 10esiècle des Scandinaves. Plus tard, le public a une nouvelle fois retenu son souffle lorsque la belle s’est mise à entonner la Marseillaise bretonne, le Bro Gozh Ma Zadou « Tant que le statut particulier de la Bretagne ne sera pas reconnu, il est important de chanter l’hymne national breton. Plus tard, si les choses évoluent, cela deviendra moins nécessaire… » a tenu à préciser l’infatigable ambassadeur de la cause bretonne.

Tri Martolod

Les accents de la celtitude devaient, comme il y a quarante ans, continuer à résonner longtemps dans l’enceinte du nouvel Olympia. Grâce au puissant soutien du bagad Quic-en-Grogne de Saint-Malo et les riffs vengeurs du guitariste celte métal Pat O’May, dont la crinière de feu battait en rythme la mesure, Alan Stivell a pu enchainer les nombreux rappels pour terminer sur le célébrissime Tri Martolod (trois matelots). « Sachez que Nolwenn a aujourd’hui exactement l’âge que j’avais, lorsque que j’ai joué ici, il y a quarante ans, parmi certains d’entre vous» a ajouté Alan Stivell visiblement heureux et ému de constater que sa démarche artistique pour la Bretagne avait fait quatre décennies plus tard, de nombreux émules au sein de la nouvelle scène musicale bretonne. « Tout ce que je vois ce soir me donne du courage pour la suite, pour continuer » devait-il enfin ajouter. La relève est assurée. Sous les chardons, la breizh… 

Site officiel d’Alan Stivell
Brian Boru avec Nolwenn Leroy le 16 février 2012 à l’Olympia
Nouvel album : Ar Pep Gwellañ (Mercury Universal)

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