Rammstein, épisode 7 HermineHermineHermineHermine

Après dix ans d’absence, le groupe allemand Rammstein sort un 7 ème album studio éponyme dont la pochette simple et efficace résume bien le propos : une allumette prête à s’enflammer. Attention, Ludwig van Beethoven risque bien de se retourner dans sa tombe. Il y a six ans maintenant, le groupe avait fait forte impression auprès des Bretons, en concert aux Vieilles Charrues avec un show pyrotechnique flamboyant.

Çà commence de façon inattendue comme… Un inédit d’Anne Clark avec son petit gimmick de synthé qui pourrait être tiré d’anciennes antiennes comme Our Darkness ou Sleeper in Metropolis, très revival années 80. Avec évidemment une bon gros riff de guitare métallo, voire mégalo, derrière. Histoire de poser les fondations avant de prendre un rythme de croisière, avec une batterie cognée, concassée, martelée et en contrepoint(s) la voix lancinante de Till Lendemann soutenue par des effets à la Depeche Mode période Violator. Et pourtant, c’est bien un morceau de Rammstein, le dantesque Deutschland, qui débute ce 7ème album studio du groupe allemand qui n’avait rien publié depuis 2009. Il est aussitôt suivi d’un Radio, que l’on pourrait décrire comme un hommage à Killing Joke avec son riff de guitare qui lorgne sur A Love Like Blood, toujours accompagné d’effets électro à la Depeche Mode (le groupe a déjà repris Personnal Jesuset Stripped). Mais bizarrement, c’est toujours un morceau de Rammstein avec sa batterie sautillante, et ses bleeps-bleeps, du genre à vous donner envie de partir courir dans le désert de bon matin avec vos écouteurs bien calés sur les oreilles.

Le boom-boom-boom des machines

Tout le début de cet album sans titre est du même acabit, option pilonnage côté batterie, barbelés côté guitare(s), et cauchemardesque côté voix, sans compter le boom-boom-boom des machines. Et ce n’est pas les choeurs d’enfants de Zeig Dich qui vont calmer le rythme, ni les boing-boing fête-à-neuneu d’Ausländer. Rammstein a une mission : nous en mettre plein les oreilles. Et de ce point de vue, c’est plus que réussi ! La rupture s’effectue à mi-temps sur Sex, puis se poursuit sur Puppe, une ballade avec guitare acoustique désespérée, dégrisée… Une sorte de requiem dégoûté. Plus loin, au jeu des comparaisons, Diamant, fait songer à un autre groupe allemand : les vénérables Scorpions. Un slow ? Presque, et pourtant pas vraiment. Puis c’est chez Kraftwerk ou plutôt Gary Numan (Are Friends Electric ?) qu’il faut trouver les racines de l’expérimental Weit Weg. Avant de s’achever sur le crépusculaire Halloman, Rammstein relance la machine à faire pogoter dans les stades et (r)appuie sur l’accélérateur avec Tatoo, une « comptine » presque poppy et répétitif dans l’esprit d’une Kylie Minogue (Can’t Get You Out Of My Head) – « Ya, Ya… Kylie Minogue ! »- mais qui chanterait en teuton après s’être fait greffer deux ou trois pommes d’Adam. Une sorte de tube pneumatique et cauchemardesque à la Mad Max. En résumé… Des guitares qui piaulent, un batteur qui concasse, un chanteur qui en impose, une bonne touche de Depeche Mode, un peu de Kraftwerk, un zeste de Scorpions et de Kylie Minogue, et une production qui déménage : le nouveau Rammstein pourrait (presque) s’appeler… Music for the Masses.

Frédérick RAPILLY`

Cote d’amour = 82 %
Morceaux préférés : Tatoo, Radio
Rammstein, Universal Music, 14,99 E (sortie le 17 mai 2019)

0 Commentaires

Laisser un commentaire

Abonnez-vous à notre newsletter

Edito

Articles similaires

Autres articles de la catégorie Disques