L’identité française est avant tout jacobine. Elle est fondée sur le principe d’un État, d’une nation, et d’un seul peuple réunis autour des mêmes valeurs. C’est toutefois oublier que la France s’est construite sur la destruction de multiples cultures pour devenir un amalgame de nations différentes et hétérogènes.

Qu’est-ce que l’identité ? Culturelle. Sociale. Religieuse. Morale. Politique. Régionale. Nationale. Supranationale. Elle relève dans tous les cas de figure d’un ensemble de traits propres à une communauté justifiant pour chaque membre l’instinct d’y appartenir. On parle d’identité culturelle latine, d’identité sociale hooliganiste, elle peut être juive ou catholique, maurassienne ou communiste, mais aussi bretonne et corse, française, celte, etc. L’identité est, en outre, souvent liée à un espace géographique. le lieu fait son territoire. Ainsi du bar que l’on fréquente, de la région où l’on vit et du pays dont on parle la langue ; ces endroits deviennent alors Terre d’appartenance qu’en retour chacun contribue à nourrir d’une valeur collective.

Celui de chez soi avant d’être celui d’ailleurs

Partant du principe que l’on est avant tout celui de chez soi avant d’être celui d’ailleurs, l’homme appartient à un emboitement d’espaces successifs : c’est l’image des poupée russes. On est de sa maison avant d’être de son quartier… De son quartier (autrefois sa communauté paroissiale) avant d’être de sa ville… De sa ville avant sa région… De sa région avant son pays… De son pays avant son continent… etc. Chacune de ses étapes d’assimilation s’envisage comme une famille successive et/ou simultanée. Le temps y fait son œuvre par appropriation, avec une particularité à l’échelle de la région et du pays qui, l’un et l’autre, sont historiquement constitués à la fois d’un territoire, d’une langue, d’une imprégnation culturelle, d’un regard politique et économique, dont l’ensemble se traduit par une formation psychique que l’on appelle identité géographique, c’est-à-dire l’acceptation de soi parmi d’autres semblables dans un espace défini. De cette façon, l’on est Breton parce qu’il existe d’autres Bretons et que tous relèvent d’une même influence territoriale ; avec cette particularité qu’ont les Celtes de l’accueil, pour qui le droit du cœur prime sur celui du sang et du sol, Bienvenu chez moi,  sachant qu’il faut respecter ceux qui sont venus avant et surtout ne jamais trahir la communauté.

Les bienfaits culturels de la langue bretonne valent ceux du latin

L’élément décisif d’une identité territoriale passe (presque) toujours par l’existence d’un idiome courant. Y compris à l’échelle régionale. En Bretagne, c’est le breton, langue celtique dont les origines brittoniques remontent à l’Empire romain, bien avant celles du français. Si l’on envisage le latin (guère usité aujourd’hui, sauf dans un cadre liturgique et universitaire restreint) comme utile d’enseignement par l’école de la république au nom de notre identité gréco-latine ; si l’on envisage l’arabe comme indispensable à l’assimilation d’une identité musulmane au point de lui soustraire l’enseignement du breton – rappelons à ce titre que les institutions de certaines villes bretonnes (médiathèques – MJC) ne dispensent plus de cours de breton mais accordent une place de choix à l’arabe : c’est, entre autres, le cas à Saint-Brieuc – ; si l’on accepte ces évidences comme des bienfaits culturels incontestables, pourquoi ne pas, en Bretagne, considérer le breton, voire le gallo, essentiels à l’instruction dès le plus jeune âge ? N’étions-nous pas là avant eux ? Avant les Français venus nous conquérir ?

La France combine l’histoire de plusieurs peuples envahis par les armes

La France combine l’histoire de plusieurs peuples (Alsacien, Basque, Breton, Corse, Occitan, …) ; raison pour laquelle la reconnaissance des identités régionales ne s’oppose nullement à celle d’une identité nationale. Notons que ces multiples ethnies sont marqueurs de langues, de valeurs religieuses, valeurs morales, artistiques et intellectuelles. Toutes ont été rassemblées de force par les armes et le temps qui ont agi selon un processus séculaire d’identification nationale au détriment des identifications régionales initiales. Notons, au reste,  que le pouvoir central s’applique aujourd’hui encore à dominer les provinces sans toujours respecter l’aspiration des peuples qui les composent.

Aucune identité régionale ne s’oppose à l’identité nationale

Il est un leurre de penser que les identités régionales s’opposent à l’identité nationale. Cela reviendrait à dire que l’identité nationale s’oppose à la continentale, alors qu’il est tout à fait possible d’être à la fois Breton, Français et Européen. Depuis le loi Toubon, 1992, censée nous protéger des agressions linguistiques anglo-saxonnes, mais hélas ! détournée au détriment des langues régionales interdites de reconnaissances officielles, Paris semble avoir peur de créer des « tribus » hexagonales. Pour autant, le pacte de Marrakech signé en 2019 par le président Macron, valide les bienfaits du multiculturalisme, un multiculturalisme identitaire où la coexistence de plusieurs cultures au sein de la république semble l’être uniquement pour celles venues d’ailleurs.

Elle ne prévaut en rien pour les provinces hexagonales. Tiens ! Encore ceci. Jamais un Breton ou un Corse n’affirmera qu’il a des droits particuliers (ne serait-ce que linguistiques) en dehors de sa propre Terre. C’est loin d’être le cas de tout le monde.

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Septembre 2019 – J. E.-V. & Bretagne Actuelle

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