Les bootlegs marchent par deux. Deux morceaux qui ne font plus qu’un et qui énervent les garants du bon droit (La Sacem) et leurs fidèles thuriféraires (les Majors) autant qu’ils enthousiasment les amateurs de bonnes vibes. Dans son premier livre, le célèbre ex Gamin en Folie, DJ Zebra, met en scène son double (Iggy Salvador) et son pote (lui-même) au début de l’aventure mashup jusqu’au premier procès pour violation du droit d’auteur. Moitié roman, moitié documentaire – quoi de mieux qu’une fiction pour éviter d’affronter les avocats de la partie adverse – « Iggy Salvador » est à la fois un hommage au rock primal et sauvage (celui d’Iggy Pop) et à la culture des dance floors qui se sont réappropriés le binaire pour mieux exploser les compteurs de la nuit.

Né au début des années 20000, le Bootleg (expression venant de la prohibition américaine) est évidement illégal, mais souvent encouragé par les maisons de disque elles même au titre d’une bonne promo gratuite. Le succès international de ce mouvement les rendra beaucoup plus méfiants, croisant le nombre de ces mixes sauvages avec la courbe en chute libre des ventes de CD. Les temps sont durs et il faut racler les fonds de tiroir. Les méchants bootegers sont donc accuser de piller le patrimoine !

Underground comme l’était le mouvement punk à ses débuts, le Bootleg est à son tour rattrapé par le marché. Mais pas dans les mêmes propensions : l’argent ne circulant pas assez pour être détourné vers les labels.

Une chose est sûre, Antoine Zebra signe ici un livre aussi fou que ses mixes, mêlant enthousiasme et folie, envie et générosité. A l’image de son auteur, toujours aussi entier, ce livre mord la vie à pleine dent avec la passion de ceux qui ont trouvé leur voie. Après cette aventure Mashup, on attend un « roman » sur ses années avec le Bagad de Carhaix ! Là aussi, le mixe est étiré à son extrême. Et la bière coule à flot. Deux points communs pour une même œuvre !

Hervé DEVALLAN
« Iggy Salvador » d’Antoine Zebra aux éditions Publishroom Factory, 194 pages, 15€