Parler d’une maison d’édition, jeune de surcroit est d’abord une joie. Elle se nomme Vagamundo et son nom, ne dites rien, est de Bretagne. En Nizon, par Pont-Aven ! 


Sans doute est-ce dans ces Finistères secrets et étoilés qu’il nous faut chercher l’enracinement de cette maison d’édition posée sur au moins deux sinon trois rives. Les nôtres donc, et celles de Guimarães, d’Evora, de Coimbra ou de Porto, celles des nouveaux mondes pourquoi pas et des plus anciens. Celles des livres libres : Liber, nom d’une collection. Cristina Isabel de Melo qui est l’âme de Vagamundo traduit du portugais le plus portugais des poètes, Pessoa ou le contemporain Manuel Gusmào. Elle offre à la lecture des auteurs des deux ou trois rives, de celles que nos géographies intérieures colorient en bleu. Couleur majoritaire des couvertures !

Varechs est un titre au catalogue et les mots de l’auteur, Jean-François de Bonadona, traduisent les algues, comme le titre l’indique, mais aussi les paroles indicibles : Habille-moi, dit le noyé/je voudrais migrer un peu plus loin que moi-même/comme on se dépare.

Voyez que Pessoa est aussi un passant des grèves d’ici, silhouette à chapeau. Les auteurs de Vagamundo ont le monde à l’âme comme d’autres ont des vagues.

Vagamundo, vous entendez soudain le sens multiple du mot, choisi par cette éditrice se disant elle-même d’elle-même « patiente et persévérante ». Il faut l’être pour oser aujourd’hui des livres écrits à même le ciel. Parfois ils ont forme d’ouvrage, prenez Entre ciel et Gange de la pontivienne du Niger enmailant son récit depuis Bénarès, Babeth Coste-de Geyer, mais ce sont aussi des emboîtages délicats, vrai pour Varechs, où les poèmes sont à feuilleter, à prendre dans la main, feuillet par feuillet, à effeuiller donc comme les algues que pousse, vous l’aurez compris, la vague intérieure du lecteur : La ria/aux hanches larges et rouges/appose des alignements de patience

Il y a dans la proposition de cette maison d’édition, c’est au choix, des livres donc, des boites de poèmes aussi ou simplement de beaux rectangles cartonnés, affichables ou adressables, des cartes postales signées Pessoa, rien que ça, ceci pour la collection Anthologie Volante.

La poésie vole, cas de le dire.

La poésie a de ces ailes, qui marchent et jamais ne s’arrêtent de marcher.

Cette petite maison d’édition, comme il est de bon ton de le dire, voit grand, ouvre large, propose aussi, consultez son site, retenez son lien, des moments de chocolat chaud, de rires en larmes, au coin d’un bon feu. Ce sont les soirées de Nizon, où les rives de l’Aven entre ses roches reconnaissent leur famille. La poésie donc est un choix et Cristina Isabel de Melo le fait, nuit et jour, et nuit et jour sans esquive.

Citons, pour avoir mieux le goût âcre de cette poésie que l’éditrice a choisi de traduire ces vers de Manuel Gusmào, poète né à Evora en 1945, dans son excellent Théâtres du temps paru en 2012 : Les artisans, les habitants émigrent/Vers de lointaines contrées où habitent obstinés/les maisons/incomplètes./

Tu étais allée à la rencontre de deux paysages/que la même route sépare/ et replie/l’un sur l’autre.

Entendons-nous que cette Maison d’édition cherche à compléter sans aucun doute autre chose dans la maison de chacun.

Pour nom Vagamundo dont le visuel est beau, juste en filigrane un g à l’oblique !

Obliquons !

Editions Vagamundo

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