Un western avec mère et fils HermineHermineHermineHermine

Mauvignier, verbe du premier groupe. Verbe correspondant à un auteur qui publie chez Minuit, dont son dernier livre : Continuer.


Un western avec mère et fils

Je mauvignie donc j’écris ! Verbe du premier groupe, donc une action. Tu mauvignies, donc tu agis. Dans les grammaires à prédicat, je ne sais où se situe le verbe ni comment il se nomme, mais mauvignier en est assurément un et Continuer le titre de son dernier ouvrage. Excusons-nous de donner à lire un livre lu déjà par beaucoup, c’est que sur nos tables de chevet les livres font des piles et Continuer tardait à passer dessus, c’est enfin fait. Nous mauvignions, vous mauvigniez, ils ou elles mauvignient.

Verbe qui signifie écrire d’un trait, lentement, précautionneusement comme une musique qui paraît simple et ne l’est pas. Mauvignier est un auteur qui nous raconte une histoire. Ici un ado qui pourrait mal tourner, d’un couple séparé dont la mère qui tient la barre, croit tout tenir, sent qu’elle ne tient rien, trouve une solution, une nuit plus dure que d’autres où son fils est rentré bourré, shooté, entre deux flics qui pourraient rigoler car ils voient ça tous les jours, pas elle. Cette mère est d’une autre trempe et le livre dit pourquoi, de ces mères majuscules, fonceuses, dépressives sauf quand elles agissent. Pas à leur compte, car elles sont généreuses, pas pour le monde, non, pour que ce dernier continue de tourner avec un homme de plus, son fils, qu’il redevienne l’homme qui veut que le monde tourne.

Au fait, le fils s’appelle Samuel, c’est chez Minuit que ça se passe, Sam, comprenne qui voudra ! La maison d’édition a proposé de l’écriture blanche, en retrait d’écriture, en mal de héros. Maintenant, chez Minuit, il y a Mauvignier, un raconteur avec suspense, halètement et nœud à l’estomac !

Donc, cette mère part. Fout le camp. Décide d’écrire la vie de son fils dans son journal intime au beau milieu du Kazakhstan, Cette mère est une chirurgienne qui pratique l’électrochoc, ou elle lobotomise pour que son con de fils qui allait devenir con, lepéniser en quelque sorte, eh bien la mère de Mauvignier le stoppe net.

Le livre dont on ne dira rien sauf qu’il est d’action appartient au genre western. Plutôt Ostern, c’est à dire un truc de fou avec chevaux, steppes, vallées, sommets de neige, orage de dingue, glaciers, glissade, suicide, gouffre, chute et pistolet à plusieurs coups.

Lisez-le. On en sort indemne et rassuré : les mères sont fortes et Mauvignier, un auteur qui n’en rajoute pas. L’histoire qu’il raconte nous raconte le moment particulier où on prend notre vie en main, exactement le contraire de la vie automatique de Christian Oster (paru chez Minuit aussi), à lire si on veut retrouver en 2017 l’absurde de Camus, mais revisité !

Mauvignier, on agit. Oster, on est agi.



« Continuer » de Laurent Mauvigner aux éditions de Minuit, 240 pages, 17€

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Edito

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